Comment nos adolescents appréhendent-ils les images pornographiques, auxquelles ils semblent exposés particulièrement jeunes et avec une facilité déconcertante ? Quel impact ont les films X sur leurs comportements ? L’Observatoire de la Parentalité et de l'Éducation Numérique (Open) s’est penché sur la question à travers un sondage mené sur un échantillon de 1005 jeunes âgés de 15 à 17 ans. Ces travaux visent à « y voir plus clair sur l’évolution et l’ampleur d’un phénomène qui suscite autant de craintes que d’idées reçues », précise le communiqué de l’association.
L’enquête confirme ce que l’on sait : les jeunes consultent ces sites. La moitié des adolescents interrogés déclarent avoir déjà surfé sur l’une des multiples plateformes de X, soit une hausse de 14 % en quatre ans, avec une très nette préférence pour les sites gratuits. La première visite a lieu, en moyenne, à 14 ans et 5 mois.
"Trop jeune"
Une jeunesse consommatrice, donc, mais pas idiote. L’enquête montre que les adolescents ont conscience de cette exposition potentiellement problématique aux images pornographiques. Ainsi, plus d’un sondé sur deux (55 %) considère qu’il était « trop jeune » la première fois qu’il a visionné ces scènes.
La fréquentation reste très genrée, avec une majorité de jeunes hommes pour seulement 37 % de filles – ou bien le déclarent-elles moins, la pratique masturbatoire restant très taboue parmi la population féminine. D’ailleurs, « les écarts entre sexe s’estompent », selon ce sondage.
Mais les usages diffèrent. « Alors que le premier visionnage d’un film X constitue pour la plupart des garçons (64%) une expérience solitaire généralement associée à une activité masturbatoire, la majorité des filles (53%) déclare avoir vu leur premier porno avec quelqu'un d’autre, essentiellement avec leurs ami(e)s (36%) et leurs petits amis (13%) ».
Application
Quant à la mise en pratique de ces images… elle semble réelle. Près d’un ado sur deux (45 %) a tenté de reproduire des scènes vues dans des films pornographiques, avec une plus forte proportion parmi les populations homosexuelles et religieuses, notent les sondeurs. Globalement, le chiffre se rapproche de celui des adultes (47 %), quoique ces derniers ont tendance à ne s’adonner qu’occasionnellement à ces reproductions cinématographiques. Les adolescents, eux, les reproduisent plus régulièrement.
Ainsi, « près d’un ado sur deux (45 %) estime que les vidéos pornographiques qu’il a vues au cours de sa vie ont participé à l’apprentissage de sa sexualité, soit une proportion largement supérieure à celle observée dans la population adulte ayant déjà vu un film X (35% en 2009) ».
De là à s’exposer soi-même sur des sites, il n’y a qu’un pas que les jeunes ne franchissent pas…encore. Seuls 3 % des adolescents interrogés ont filmé leurs ébats (11 % chez les adultes) mais beaucoup y pensent. « La réalisation d’une vidéo amateur reste un fantasme appartenant au domaine du réalisable pour plus d’un ado sur dix (11%) ».