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Chez la souris

Dopamine : la clé de notre prise de décision

Par Anne-Laure Lebrun

Des neuroscientifiques ont découvert que la prise de décision est dépendante de la concentration en dopamine dans le cerveau. 

Subbotina/epictura

Planté devant le rayon, vous hésitez entre le yaourt nature 0 % et la mousse au chocolat. Et alors que vous décidez d’être raisonnable, vous sautez sur l’onctueuse mousse au chocolat qui vous faisait de l’œil. Pourquoi ce changement d’avis soudain ? La dopamine, répondent des chercheurs dans la revue Neuron.

Des scientifiques du Salk Institute for Biological Studies expliquent que durant la fraction de seconde qui a précédé ce revirement de situation, le cerveau a été assailli d’émotions passant de l’envie à la culpabilité. Mais sur le plan physique, il s’agit d’une action simple : au lieu de bouger vers la droite, le bras se décale un peu vers la gauche. Pour les neurobiologistes, ces moments sont très intéressants à décrypter car dans certaines maladies, telles que Parkinson, l’addiction ou les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), la capacité à faire des choix est altérée.

Rôle du striatum

Un trouble lié à la concentration de dopamine, un des neurotransmetteurs qui permettent aux neurones de communiquer entre eux. La quantité de cette molécule gouvernerait la prise de décision en agissant sur le striatum. Cette zone profonde du cerveau est chargée de mobiliser les bras ou les jambes afin de réaliser les actions commandées par le cortex.

Or dans le cerveau des personnes atteintes de Parkinson, les neurones du striatum sont détruits. Si, par exemple, leur cortex leur ordonne de faire leurs lacets, le striatum dirige difficilement les mains des malades pour qu’ils puissent attraper les lacets puis faire le nœud. Pour pouvoir un jour aider ces malades, les neuroscientifiques ont besoin de comprendre comment fonctionne ce mécanisme, soulignent les auteurs.

Pour ce faire, ils ont utilisé des souris équipées d’électrodes cérébrales mesurant leur taux de dopamine en temps réel. Placées devant un distributeur, elles devaient actionner un des leviers pour obtenir une friandise. Ces leviers réapparaissaient toutes les 2 ou 8 secondes. Très vite, les animaux ont compris que la nourriture était accessible par la droite lorsque les leviers apparaissaient vite. A l’inverse, la récompense était accessible par la gauche si les leviers étaient remis en place au bout de 8 secondes. Grâce à ce modèle, les chercheurs ont pu observer et analyser la prise de décision chez les rongeurs.

Contrôler les comportements

L’analyse des concentrations de dopamine montre que cette molécule est impliquée dans la prise de décision. Le processus est si sensible que mesurer la concentration de dopamine permet de prédire l’action suivante, indiquent les auteurs.

Mieux encore en modulant eux-mêmes la quantité de dopamine dans le cerveau des cobayes, les neuroscientifiques ont découvert qu’il était possible d’influencer les décisions des souris, et donc leurs actions. « Nous pensons que si nous arrivons à restaurer la bonne dynamique dans le cerveau des malades atteints de Parkinson ou de TOC, ces personnes pourront mieux contrôler leur comportement. Cette étude est un pas important pour y arriver », commente le Pr Xin Jin, le responsable des travaux.