ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Urbanisme : le taux de chômage est corrélé à l'exposition à la pollution de l'air

Dioxyde d'azote (NO2)

Urbanisme : le taux de chômage est corrélé à l'exposition à la pollution de l'air

Par Olivier Giacotto

Selon une vaste étude menée dans 8 pays européens, les habitants des quartiers les plus touchés par le chômage sont davantage exposés à la pollution au NO2.

elwynn/epictura

Toutes les études le prouvent, les populations socialement désavantagées souffrent davantage de problèmes de santé respiratoires et vasculaires que les autres. Et ces maux peuvent être causés, ou accentués, par l'exposition à la pollution atmosphérique. D'où la question que les chercheurs se posent : existe-t-il un lien entre le niveau socioéconomique (NSE) et l'exposition à un air pollué ?

Pour tenter d'y voir plus clair, une vaste étude publiée dans Environment International a été conduite sur 5 692 citadins dans 16 grandes villes d'Europe occidentale. « Pour chaque participant, nous avons utilisé les mêmes critères pour évaluer leur NSE : deux critères individuels - niveau d'études et catégorie socioprofessionnelle -  et le taux de chômage de leur quartier de résidence », explique dans un communiqué Sofia Temam, doctorante à l'Inserm.

La France n'échappe pas au constat 

La première auteure de l'étude précise que pour chacun des participants, « l'exposition annuelle au dioxyde d'azote (NO2) - un polluant émis principalement par le trafic routier -  a été estimée en fonction de l'adresse de leur domicile dans le cadre du projet européen ESCAPE ».

Et les résultats sont sans appel : dans 11 des 16 villes étudiées, les chercheurs ont observé que les habitants des quartiers les plus touchés par le chômage étaient les plus exposés au NO2. Par exemple, dans les quatre métropoles françaises étudiées, les habitants de quartiers affichant un taux de chômage supérieur à 9,5 % (valeur médiane) étaient exposés annuellement à 35 µg/m3 de NO2, contre seulement 27 µg/m3 dans les quartiers où le chômage était sous la barre des 9,5 %.

L'état de santé général à explorer 

Des résultats clairs donc, sauf lorsqu'on ne retient que les critères individuels du NSE - niveau d'études et catégorie socioprofessionnelle - les données ne montrent pas d'association significative entre niveau socioéconomique individuel et exposition au NO2, dans la quasi-totalité des villes (14/16). Seules exceptions : Vérone et Lyon, où - de manière étonnante - les citadins avec un niveau d'études bas étaient les moins exposés. 

Pour ces scientifiques, l'exposition au NO2 des citadins d'Europe occidentale semble ainsi davantage liée aux caractéristiques urbaines propres à leur ville et à ses quartiers qu'à leur NSE. « Mais d'autres études internationales à grande échelle seront nécessaires pour conclure », souligne Sofia Temam. 

Elle ajoute que « si jamais on parvient à conclure que les citadins européens à faible NSE ne sont pas plus exposés à la pollution de l'air, une autre piste est déjà explorée pour expliquer la fréquence plus élevée des problèmes cardiovasculaires et respiratoires observées dans cette population ». Ces personnes pourraient, d'après elle, être plus sensibles aux effets de la pollution atmosphérique en raison d'un moins bon état de santé général (tabagisme, alimentation, moindre accès aux soins...).