La méthode est invasive, mais elle a le mérite d’être efficace. Des patients atteints de dépression sévère et résistante ont vu leur état s’améliorer grâce à la stimulation cérébrale profonde. L’étude, menée à l’université de Fribourg-en-Brisgau (Allemagne), rapporte des résultats positifs sur le long terme dans Brain Stimulation. La nouvelle est d’autant plus encourageante que 15 à 30 % des dépressions ne répondent à aucun traitement.
Huit patients dépressifs ont été sélectionnés pour ces recherches. Ils répondaient à un profil précis : atteints de dépression depuis 3 à 11 ans, ils n’ont répondu à aucun des traitements disponibles (médicaments, psychothérapie, électrochocs). Si l’équipe allemande n’a choisi que des cas graves, c’est avant tout parce que l’approche est très invasive.
Peu d’effets secondaires
La stimulation cérébrale profonde consiste à implanter, directement dans le cerveau, des électrodes afin de délivrer un courant électrique. Chez ces patients dépressifs, une région du cerveau antérieur, impliquée dans la perception du plaisir, a été ciblée.
« La plupart des patients répondent à la thérapie », se félicite le Pr Thomas Schläpfer. En effet, sept des huit patients ont tiré des bénéfices en continu de l’approche. Et ils se prolongent jusqu’à quatre ans après les séances de stimulation.
Quatre patients ont même réussi à franchir le seuil clinique de la dépression, atteignant la rémission. Le tout en évitant les effets secondaires, comme une vision floue ou dédoublée. Pour y parvenir, les chercheurs ont adapté la dose de stimulation.
Un large éventail d’indications
« Il est remarquable d’observer que les effets sont durables. D’autres formes de prise en charge perdent souvent leur efficacité avec le temps », ajoute le Pr Schläpfer. De fait, la plupart des premiers épisodes dépressifs se résolvent. Mais les récidives sont fréquentes : dans 50 à 80 % des cas, un deuxième épisode se déclare dans les 5 ans.
« Cela fait de la stimulation cérébrale profonde une approche très prometteuse pour les personnes souffrant de dépression jusqu’ici résistante », conclut Thomas Schläpfer. Une autre étude a démarré sur 50 patients à Fribourg-en-Brisgau. Elle devra confirmer l’efficacité et la sécurité de l’approche.
La stimulation cérébrale profonde, testée pour la première fois dans les années 1980, semble désormais représenter l’avenir de diverses pathologies neurologiques ou psychiatriques. A l’heure actuelle, des essais sont en cours dans des maladies aussi larges que les troubles obsessionnels compulsifs, l’anorexie ou la maladie d’Alzheimer. Son efficacité est également confirmée dans la maladie de Parkinson.