Accordez vos violons. Voilà, en substance, le conseil à tirer du bilan de l’International Tobacco Control Policy Evaluation Project sur la politique anti-tabac menée dans le monde. Depuis la signature d’une convention-cadre de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), en 2005, le tabagisme dans le monde a reculé de 2,5 % sur la planète.
Peut mieux faire, tranche le groupe chargé d’évaluer les retombées de ce traité dans la revue The Lancet Public Health. La plupart des pays signataires ont engagé de grands travaux pour lutter contre la consommation de tabac. Mais le manque de coordination internationale freine les progrès. La tâche n’est pas mince : 180 Etats se sont engagés, avec leur signature, à réduire le nombre de fumeurs.
Les zones non-fumeurs plébiscitées
Dirigée par l’OMS, la convention-cadre pour la lutte anti-tabac fixe le cap pour la réduction du tabagisme dans le monde. Réduire l’exposition à la fumée, réglementer la composition des produits et l’information, renforcer la prévention mais aussi taxer les produits du tabac : voilà les grandes orientations de ce texte, mis en œuvre en 2005. Un plan ambitieux. Mais qu’en est-il de son application ?
Cette étude fait le point sur 10 ans de lutte anti-tabac, et le bilan est en demi-teinte. Les différentes mesures de réduction du tabagisme n’ont pas été appliquées au même rythme dans le monde. La plus plébiscitée : les espaces publics non fumeurs. Un tiers des pays signataires a interdit de fumer dans certaines zones accueillant du public. Avec une double bénéfice, puisque cela limite aussi le tabagisme passif.
Trop peu de prévention
A l’inverse, les publicités en faveur de l’arrêt du tabac sont les programmes les moins populaires. Seuls 13 % des Etats les ont appliqués. Pourtant, ils permettent de limiter l’entrée dans le tabagisme, particulièrement chez les jeunes. Les taxes sont plus souvent mises en œuvre, avec 22 % de pays appliquant un prélèvement sur les produits du tabac. C’est aussi le cas des avertissements sanitaires affichés sur les paquets de cigarettes, adoptés dans un quart des cas.
Sans surprise, les pays qui investissent le plus dans la lutte anti-tabac sont ceux qui en récoltent le plus les fruits. Pour chaque mesure de plus dans l’arsenal des Etats, le tabagisme recule de 1,5 point de pourcentage. En 10 ans, cela représente 7 % de fumeurs de moins.
L'exemple népalais
Sur ce plan, deux pays se distinguent : le Panama et le Népal, qui ont développé un panel complet de lutte contre la cigarette. Le premier a interdit publicité, promotion et sponsoring depuis 2008 et instauré des programmes d’aide à l’arrêt du tabac en 2009. Le second force les fabricants à couvrir 90 % de la surface du paquet avec des images chocs sur les dangers du tabac.
A l’inverse, les pays africains se sont montrés un peu trop laxistes vis-à-vis du tabagisme. Résultat : le nombre de fumeurs progresse de 3 % en Afrique de l’Ouest, 13 % en Afrique centrale, 5 % en Afrique du Nord.
« L’objectif de la convention, réduire la consommation de tabac, peut être atteint par l’adoption des mesures clé à leur plus haut niveau et une application stricte de celles-ci », conclut le Dr Geoffrey Fong, co-auteur de l’étude. Le retard de certains pays est attribué à l’influence de l’industrie du tabac.
Selon l’OMS, le tabac provoque 6 millions de décès chaque année. Rien qu’en France, 16 millions de personnes fument.