« ll semble que le pic de mortalité par mésothéliome pourrait avoir déjà été atteint en France au début des années 2000 ». L’Institut de veille sanitaire (InVS) en partenariat avec le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) de l’Inserm publie ce mardi les résultats de modélisation de l’évolution de la mortalité par mésothéliome pleural en France à partir des données françaises les plus récentes.
Le mésothéliome est une forme rare et virulente de cancer des surfaces mésothéliales qui affecte le revêtement des poumons (la pièvre), de la cavité abdominale (le péritoine) ou l'enveloppe du coeur (le péricarde). Le mésothéliome pulmonaire est causée par l'exposition à des fibres minérales (comme l’amiante, ou l'érionite). Des travaux de modélisation reposant sur l’évolution de la mortalité consécutive aux périodes d’exposition maximum à l’amiante (1950-1975) ont été effectués à la fin des années 1990 par plusieurs équipes de chercheurs. Si les méthodes n'étaient pas toutes semblables, les résultats eux étaient comparables et prévoyaient qu’en France le pic de mortalité masculine par mésothéliome serait atteint vers 2020-2030 avec un nombre annuel de décès compris entre 1 000 et 1 500.
Pourtant, au regard des données actuelles de mortalité et d’incidence produites par le CépiDc de l’Inserm et le Programme national de surveillance du mésothéliome (PNSM), coordonné par l’InVS, il semblerait que le pic de mortalité par mésothéliome pourrait avoir déjà été atteint en France au début des années 2000, avec 600 à 800 décès annuels chez les hommes et 100 à 200 chez les femmes.
Ainsi, la mortalité serait en train de diminuer et son taux pourrait se stabiliser vers 2030, à un niveau plus faible que ce qui avait été prédit par les travaux antérieurs et qui équivaudrait à celui à la fin des années 1970.
Ces résultats doivent être considérés avec précaution. Car, ils sont le produit de travaux de simulation et doivent être considérés comme indicatifs. Des incertitudes qui concernent aussi bien la période prédite de la future stabilisation de la mortalité par mésothéliome (2026 ou 2040), que le niveau des taux de mortalité et des effectifs de décès à cette échéance.
Toutefois, il semble mieux établi de considérer que le pic de mortalité a déjà été atteint au cours de la décennie écoulée et que les niveaux de mortalité sont à l’heure actuelle en cours de décroissance. Mais l'InVS prévient: « seule la poursuite de la surveillance et de l’observation de l’évolution de l’incidence de cette maladie permettra de valider les modélisations produites dans ce rapport et de les actualiser »
Bien que la mortalité par mésothéliome ait commencé à décroître, « il faut cependant s’attendre à 18 à 25 milliers de décès par mésothéliome d’ici 2050 en France », prévient l'Invs. Pour considérer la mortalité par cancer attribuable à l’amiante dans son ensemble, il convient d’ajouter à ces estimations un nombre plus grand encore de décès par cancer broncho-pulmonaire, provoqués aussi par l’exposition passée à l’amiante.