« Prendre soin de ceux qui nous soignent », tel est le slogan de la nouvelle stratégie nationale d’amélioration de la qualité de vie au travail des professionnels de santé. Présentée ce mardi au secteur de l'ambulatoire (médecins libéraux, pharmaciens, infirmiers, kinésithérapeutes...) par Marisol Touraine, elle s’articule autour de 3 axes.
Le premier vise à améliorer les conditions d’exercice. L’observatoire national de la qualité de vie au travail et des risques psychosociaux, prévu par le 1er volet de la stratégie dédié aux hospitaliers, concernera donc aussi les professionnels de ville. Il sera chargé de généraliser les bonnes pratiques ambulatoires.
Pour éviter la solitude des professionnels en souffrance, le soutien au développement de l’exercice coordonné sera renforcé, indique le ministère. Et la ministre annonce qu'un module « qualité de vie au travail » sera également ajouté dans les maquettes de formation initiales médicales, paramédicales et dans la formation continue (DPC).
Assurer la sécurité des soignants
Face aux violences qui se multiplient dans les cabinets des professionnels de santé mais aussi dans les officines, le gouvernement réaffirme sa volonté d'assurer la sécurité des soignants exerçant en ambulatoire. Les accords « santé-sécurité-justice » seront ainsi développés et renforcés. Plus concrètement, un guide et des fiches pratiques seront élaborés en lien avec le ministère de l’Intérieur. Ils seront diffusés auprès des professionnels pour prévenir, et faire face aux incivilités et aux violences.
L'objectif : faire baisser notamment les agressions contre les praticiens, qui ne reculent pas. En 2015, 924 attaques verbales ou physiques ont été répertoriées par l'Observatoire de la sécurité des médecins. Et la situation n'est guère plus rassurante côté officinal puisque l’Ordre national des pharmaciens a reçu 131 déclarations d'agressions en 2015. Les violences par armes à feu et les menaces ont tout particulièrement flambé cette année-là.
Mieux prévenir le burn-out
Par ailleurs, pour prévenir et prendre en charge la souffrance au travail, une campagne de communication sera élaborée afin d'informer les professionnels sur l’épuisement au travail et leur rappeler les dispositifs de soutien existants. Une seconde campagne de sensibilisation sera aussi lancée, mais cette fois à l'attention des patients.
Elle portera sur « le respect des règles de politesse, de non-violence verbale et physique, de respect des engagements ». Avertir le médecin « suffisamment en avance quand on ne peut pas honorer un ou plusieurs rendez-vous » devra devenir un réflexe, souligne le ministère. Enfin, un dispositif d’écoute sera mis en place pour permettre aux professionnels confrontés à la souffrance au travail d’en parler à des personnels formés et d’être orientés, si nécessaire, vers des soins adaptés.
Pour rappel, un mois tout juste après avoir lancé son numéro vert (0 805 23 23 36 – gratuit, disponible 24h/24 et 7j/7), l’association Soins aux Professionnels de Santé (SPS) avait déjà enregistré plus de 200 appels de soignants en souffrance, témoignant d'un besoin d’écoute et de soutien.
Les points faibles de la stratégie
Mais cette nouvelle stratégie a reçu un accueil mitigé chez les professionnels. A cinq semaines du premier tour de l'élection présidentielle, Marisol Touraine n'a en effet précisé ni le calendrier d'action ni le financement pour appliquer les différentes mesures du plan, contrairement au volet hospitalier présenté en décembre dernier... L'occasion pour les médecins libéraux de souligner une nouvelle fois la différence de traitements avec les praticiens hospitaliers.