C’est un geste que connaissent tous les jeunes parents : placer les vaccins au réfrigérateur après les avoir récupérés en pharmacie. Mais dans certains pays, le frigo est un luxe, et l’électricité une denrée rare. Les vaccins n’en sont pas moins essentiels. Afin de s’adapter aux conditions difficiles des pays défavorisés, une équipe de l’école de santé publique de l’université de Harvard (Etats-Unis) a développé un nouveau vaccin contre le rotavirus, responsable de gastro-entérites sévères. Il reste stable même à température ambiante, montrent-ils dans le New England Journal of Medicine.
Un stockage facilité
L’objectif est clair : développer un vaccin destiné aux pays à revenus faibles et modérés, donc financièrement abordable et libéré des contraintes de la chaleur. A ce titre, il n’est pas surprenant que l’association Epicentre, créée par Médecins Sans Frontières pour contribuer à la recherche dans ses contextes d’intervention, soit intégrée au projet. Le but semble atteint puisque le vaccin BRV-PV a une efficacité de 66,7 % pour prévenir les gastro-entérites à rotavirus.
L’essai randomisé s’est déroulé à Madarounfa (Niger) mais le produit est fabriqué en Inde. Lors du transport, le vaccin est maintenu aux températures recommandées, 2 à 8 °C. Son stockage, lui, s’effectue à 25 °C. Après distribution, il était conservé à température ambiante. C’est la première fois qu’un tel médicament est aussi stable. Un argument de taille, puisque les coupures d’électricité sont légion dans cette région. « Cet essai ouvre la voie à un vaccin adapté à l’environnement africain, où il est le plus nécessaire », se félicite Sheila Isanaka, qui signe la publication.
Peu d’effets indésirables graves
3 508 enfants en bonne santé ont reçu 3 doses de vaccin, ou de placebo, alors qu’ils étaient encore nourrissons. Puis ils ont été suivis pendant 2 ans par l’intermédiaire des centres de santé locaux. Les effets secondaires mineurs sont relativement fréquents après l’injection des trois doses : 68 % des bambins vaccinés, mais aussi 67 % de ceux qui ont reçu le placebo, ont souffert de fièvre ou de vomissements.
En revanche, les effets graves étaient légèrement plus fréquents au sein du groupe placebo. 186 cas sérieux y sont signalés contre 169 chez les enfants vaccinés. En termes de mortalité, la différence n’est pas significative et le vaccin est hors de cause. Infections autres, troubles du métabolisme ou de la nutrition sont les principaux coupables.
Ces résultats positifs suscitent l’enthousiasme du côté des chercheurs. « Quand le vaccin sera disponible en Afrique, il aidera à protéger des millions d’enfants, qui sont les plus vulnérables », estime Sheila Isanaka. Et pour cause : le rotavirus y est responsable de 37 % des décès par diarrhée chez les enfants de moins de 5 ans. Chaque année, ce sont donc 450 000 enfants qui meurent de ce virus. Et améliorer les conditions sanitaires ou l’accès à l’eau n’y change pas grand chose : ces mesures sont impuissantes face au très résistant rotavirus.
Les vaccins ne sont plus recommandés en France
En France, les vaccins Rotarix (GlaxoSmithKline) et RotaTeq (Sanofi Pasteur MSD) ne sont plus recommandés ni remboursés depuis mai 2015. La Haute Autorité de Santé et le Haut Conseil de la Santé Publique ont retiré leur confiance à ces vaccins après le décès de deux nourrissons attribués aux injections. Il faut dire qu’en France, 508 cas d’effets indésirables – dont 201 graves – ont été signalés aux autorités pour 1 million de doses vendues. 47 bébés ont été hospitalisés à cause d’une invagination intestinale aiguë, complication qui a tué les deux nourrissons.