Les Français redoutent les cancers digestifs, mais ne savent pas comment prévenir leur apparition. C’est en substance ce que suggère une étude menée pour la Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE) et rendue publique ce jeudi 23 mars. La société savante a alors décidé de lancer une grande campagne d’information avec pour slogan « Mieux prévenir pour sauver des vies ».
« Au travers de cette campagne, nous voulons évoquer la prévention et le dépistage des cancers digestifs. Car pour la plupart de ces maladies, si on attend qu’elles soient symptomatiques, alors elles sont diagnostiquées à un stade trop tardif », explique à Pourquoidocteur le Pr Frank Zerbib, gastro-entérologue au CHU de Bordeaux et secrétaire général de la SNFGE.
Des risques méconnus
En France, chaque année, plus de 75 000 cancers digestifs sont diagnostiqués, dont plus de la moitié sont des cancers colorectaux. Ces derniers sont bien connus des Français. Selon le sondage, plus d’un tiers d’entre eux en ont peur. Une crainte bien plus présente chez les personnes qui ont déjà été confrontées au cancer du côlon dans leur entourage (48 %) que celles qui n’en ont jamais connu (24 %).
Cette inquiétude est d’autant plus grande que les Français connaissent peu les facteurs de risques de ces maladies. « Cette enquête réalisée auprès de 1 000 personnes montre qu’à peine 30 % d’entre elles sont conscientes que les facteurs alimentaires peuvent avoir un impact sur le risque de cancers digestifs », commente le Pr Zerbib.
De fait, les sondés identifient trois principaux facteurs : la consommation excessive d’alcool (59 %), l’histoire familiale de cancers digestifs (55 %) et le tabagisme (51 %). Mais ils négligent la mauvaise alimentation, le surpoids ou l’inactivité physique. Or, « l’obésité est un facteur de risque de tous les types de cancers, souligne le spécialiste. Une hausse de 5 points d’indice de masse corporelle (IMC) augmente de 14 à 15 % le risque d’avoir un cancer colorectal ou celui d’avoir un cancer du pancréas. Une même augmentation accroît le risque de cancer de l’œsophage de 55 % ». Les gastro-entérologues insistent donc sur l’importance d’adopter des comportements sains.
Importance de la vaccination
Autre point important de cette campagne : la vaccination. « Nous nous positionnons clairement pour la vaccination contre l’hépatite B. Cette maladie contribue au développement d’hépatites chroniques et de cirrhoses qui sont des facteurs de risque de cancer. Ainsi, si nous voulons faire disparaître les cancers du foie liés à l’hépatite B, il faut impérativement vacciner un plus grand nombre de personnes », affirme le Pr Zerbib. Il ajoute que la vaccination contre le papillomavirus (HPV) permettrait aussi d’éviter un grand nombre de cas du cancer de l’œsophage et de l’anus.
Enfin, la campagne incite la population à parler de ces maladies autour d’eux afin d’évaluer leur risque familial de cancers digestifs. « En général, les patients savent s’il y a eu des cancers mais pour les polypes (tumeurs bénignes, ndlr), ils savent moins. Avec ces informations, il est possible de questionner son médecin généraliste ou un gastro-entérologue sur la nécessité de passer des examens », explique le gastro-entérologue.
Ecoutez notre entretien avec le Pr Frank Zerbib diffusé le 16 mars 2017 :