Les Français ne voient pas très bien ; 70 % d’entre eux portent des lunettes ou des lentilles après 20 ans et 96 % déclarent avoir des troubles de la vision après 50 ans. « L’accès aux équipements optiques constitue donc un enjeu majeur de santé publique et d’accès aux soins », souligne la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) dans un nouveau rapport sur l’optique, premier « Observatoire des prix et de la prise en charge en optique médicale » qui vise à y voir plus clair sur ce soin.
Le sujet est particulièrement brûlant en cette période d’élection présidentielle, alors que plusieurs candidats ont fait part de leur volonté de rembourser intégralement les lunettes. Ils pourront ainsi s’inspirer des données de ce nouveau rapport, qui a vocation à établir des référentiels pour les prochains Observatoires.
434 euros en moyenne
On y apprend que le prix moyen d’une paire de lunettes pour les assurés (hors CMU) en 2014 s’élève à 434 euros. « Le prix des lunettes dépend du type de verres : les verres unifocaux sont près de trois fois moins onéreux que les verres multifocaux ». Ainsi, en 2014, le prix moyen d’une paire de lunettes avec deux verres unifocaux est de 316 € (613 pour une paire de lunettes avec deux verres multifocaux).
Les prix des lunettes ont augmenté de 1,35 % par an en moyenne entre 2006 et 2014.Les dépenses d’optique, quant à elles, ont crû de 59 % sur la même période. En 2015, la consommation d’optique médicale est évaluée à 6,1 milliards d’euros.
Une prise en charge lacunaire
La prise en charge par la Sécurité Sociale reste très limitée. En effet, l’optique médicale est faiblement remboursée par l’Assurance maladie : les montants qu’elle prend en charge représentent 3,2 % de la consommation totale d’optique en 2015. Les financements publics (y compris aide médicale de l’État et CMU) représentent ainsi 4,3 % de cette consommation totale.
Les organismes complémentaires sont de loin les premiers financeurs de l’optique médicale (72 %), laissant aux ménages un reste à charge de 24 % », précisent les auteurs du rapport. En 2015, le reste à charge des ménages sur leurs dépenses d’optique s’élève à près de 1,5 milliard d’euros, en recul de 9,5 % par rapport à 2014.
Renoncer à la vue
Les lunettes et lentilles sont ainsi le deuxième poste de soins auquel les patients renoncent le plus pour raisons financières après les soins dentaires. En 2014, près d’un adulte sur dix âgé entre 18 et 64 ans bénéficiant d’une complémentaire santé privée a renoncé à acheter des lunettes ou des lentilles au cours des 12 derniers mois pour des raisons financières.
En 2014, la moitié des bénéficiaires des contrats les plus souscrits obtient de leur assurance complémentaire une garantie inférieure à 215 euros. « Les prises en charge des contrats collectifs sont supérieures à celles des contrats individuels ». Les assurés de 25 à 59 ans sont, en moyenne, mieux pris en charge par les organismes complémentaires que les assurés de moins de 25 ans ou de 60 ans ou plus.
Par ailleurs, 15 % des bénéficiaires de la CMU ont acheté au moins un équipement d’optique en 2015. « Les bénéficiaires de la CMU sont nettement plus jeunes que le reste de la population, la moitié d’entre eux ont moins de 30 ans et un tiers sont des enfants de moins de 16 ans », précise le rapport.
À structure d’âge et de sexe équivalente, le taux de renoncement aux soins d’optique pour raisons financières est très supérieur pour les bénéficiaires de la CMU-C que pour les personnes bénéficiant d’une complémentaire santé privée (17 % contre 9 %), remarquent les auteurs. « Les bénéficiaires de la CMU pouvant accéder à un équipement d’optique sans reste à charge, on peut néanmoins s’interroger sur un taux de renoncement qui reste relativement élevé. Une explication à cela pourrait être que les bénéficiaires de la CMU manquent d’information sur leur couverture ».
Des enfants mal corrigés
En grande section de maternelle, 18 % des enfants portent des lunettes ou lentilles correctrices et 8 % n'en portent pas mais présentent un trouble de la vision de loin. « On peut donc estimer à 26 % (18+8) au minimum, la part d’enfants de grande section de maternelle ayant au moins un trouble de la vision ».
En CM2, 25 % des enfants portent des lunettes ou lentilles correctrices et 6 % ne portent pas de lunettes ou lentilles correctrices mais présentent un trouble de la vision de loin. En classe de 3e, 28 % des enfants portent des lunettes ou lentilles correctrices et 6 % ne portent pas de lunettes ou lentilles correctrices mais présentent un trouble de la vision de loin.