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Essai français

Lombalgie : la piste des corticoïdes pour traiter les patients chroniques

Par le Dr Jean-Paul Marre avec Anne-Laure Lebrun

Des patients souffrant de lombalgies depuis plusieurs années ont été soulagés par l'infiltration de corticoïdes. Un effet cependant limité dans le temps.

lisafx/epictura

Les infiltrations de corticoïdes directement dans les disques intervertébraux soulagent les lombalgies chroniques pendant un mois, rapporte une étude menée à l’hôpital Cochin (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris) et publiée dans Annals of Internal Medicine.

En France, environ 5 millions de personnes souffrent de lombalgies, dont 20 % d’une atteinte du disque intervertébral. Pour traiter ces douleurs chroniques, il est actuellement recommandé de prescrire aux patients du repos, des séances de rééducation avec des kinésithérapeutes ainsi que des anti-inflammatoires, comme l’ibuprofène. Une prise en charge qui n’atténue pas toujours les douleurs.

Mais à en croire les résultats présentés par l’équipe des Prs Serge Poiraudeau et François Rannou, du service de rééducation-réadaptation de l’appareil locomoteur et des pathologies du rachis à l’hôpital Cochin, les corticoïdes sont une alternative intéressante, pour certains patients.

 

 

Effet limité dans le temps

Cette étude, menée à Paris, a porté sur 135 patients âgés de 46 ans en moyenne et souffrant de lombalgies depuis plusieurs années. Ils présentaient tous une discopathie, c’est-à-dire une inflammation des disques intervertébraux. 67 ont reçu une injection de corticoïdes, alors que les 68 patients du groupe contrôle se sont vu injecter du sérum physiologique en guise de placebo. Cette étude montre que l’infiltration de corticoïdes permet de soulager significativement les patients durant le premier mois.

Toutefois, les résultats suggèrent un rebond de la douleur au bout de 3 mois chez certains patients. Et un an après l’injection, l’intensité de lombalgie revient proche de son niveau d’origine, ce qui oblige les patients à avoir recours à des anti-inflammatoires non stéroïdiens.

Cellules souches à l'étude

Pour l’heure, cet effet transitoire est l’une des principales limites à l’utilisation de ce traitement en pratique par les médecins. Ainsi, « le prochain challenge réside dans un nouvel essai visant à obtenir un effet symptomatique à long terme et peut être structural sur la discopathie, c’est l’objet d’un essai européen H2020 qui débute », explique le Pr François Rannou, l’un des responsables des travaux.

 

Ecoutez...
François Rannou, rhumatologue au CHU de Cochin : « Visiblement, une infiltration n'est pas suffisante. Une solution est de faire plusieurs infiltrations... »

Pour soulager les patients à plus long terme, il faut « nettoyer l'inflammation», précise le médecin. Et pour cela, l'équipe mise aussi sur les cellules souches. Les médecins ont d'ores et déjà débuté un protocole, en collaboration avec des confrères de Montpellier, qui vise à injecter des cellules dans le disque abîmé. L'idée est d'utiliser « l'effet anti-inflammatoire et non pas régénérateur des cellules souches », souligne le Pr Rannou.