80 euros, c’est une journée de travail d’un jeune chercheur. 200 euros, cela représente un mois de traitement antirétroviral de 3e génération pour un adulte vivant en Afrique. Cette année, le Sidaction joue la carte du concret. Du 24 au 26 mars, la campagne nationale est lancée sur les différents médias. Les Français sont appelés à aider au financement de la lutte contre le VIH et à la recherche. Si beaucoup reste à faire, les derniers mois ont été témoins de grandes avancées en France.
Le dépistage par autotest
Dès septembre 2015, l’autotest de dépistage du VIH a été autorisé à la vente en pharmacie. Mais c’est à partir de 2016 que le dispositif prend son essor. En un an, 14 000 tests ont été vendus sur le sol français. Cela représente une moyenne de 2 000 achats par semaine. Dans la majorité des cas, il s’agissait du premier dépistage.
Libre d’accès, l’autotest n’en reste pas moins coûteux. Un premier pas est franchi, en août 2016, lorsqu’un arrêté le rend gratuit, par l’intermédiaire des associations, pour trois populations à risque : les personnes très exposées au virus, celles en marge du système de santé et qui n’accèderaient pas au dépistage sans gratuité, et les personnes isolées pour des raisons administratives, financières, sociales ou géographiques.
Deuxième évolution, au 1er janvier 2017 : la TVA de l’autotest passe à 5,5 % – taux accordé aux produits de première nécessité. La mesure a pour effet de faire passer le coût d’un dispositif de 30 à 25 euros en pharmacie, 20 euros sur Internet.
La PrEP officiellement autorisée
L’antirétroviral Truvada en prévention d’une infection par le VIH, c’est sans conteste la mesure qui a le plus fait parler d’elle. Après plusieurs essais cliniques rigoureux, la France a autorisé, fin janvier 2016, la prophylaxie pré-exposition (PrEP) dans le cadre d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU). En mars dernier, les indications du médicament ont été étendues de manière permanente. Désormais, toute personne à risque d’infection peut recevoir le Truvada, après prescription d’un médecin hospitalier ou exerçant dans un CeGIDD (1).
Dans le cadre de la RTU, 3 000 personnes ont bénéficié de la PrEP. Espérons que l’AMM permettra de viser plus large. Car l’immense majorité des bénéficiaires sont des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes. Or, certains migrants ou encore les usagers de drogues injectables sont éligibles à la prescription.
Les réservoirs peuvent être traqués
Les trithérapies permettent de maîtriser efficacement l’infection par le VIH. Mais le virus persiste à l’état latent dans certains lymphocytes. Une phase dormante qui peut durer longtemps. Face à ce qu’on appelle les réservoirs, les spécialistes étaient jusqu’ici aveugles. Mais grâce à une équipe du CNRS basée à l’université de Montpellier (Hérault), il sera un jour possible de les traquer.
Les chercheurs français ont découvert une protéine (CD32a) aux propriétés particulières : elle ne s’exprime qu’à la surface des cellules infectées dormantes. Leur élimination peut retarder la production virale. Il faudra encore de nombreuses années avant l’apparition d’un test diagnostique ou d’une approche thérapeutique. Mais l’espoir est là.
Un bémol apparaît toutefois. Le combat contre le VIH avance. Les connaissances sur le virus, elles, reculent, particulièrement chez les jeunes. Selon un sondage réalisé par l’Ifop et Bilendi, un Français sur trois a des idées fausses sur les modes de transmission de l’infection. Le slogan annuel n’aura jamais paru aussi justifié : « Malgré de nombreuses victoires, le combat n’est pas terminé. »
(1) CeGIDD : Centre Gratuit d'Information, de Dépistage et de Diagnostic des infections par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), les hépatites virales et les infections sexuellement transmissibles.