Les conflits au sein du CHU de Besançon ne sont pas prêts de s’essouffler. Accusée de faits de maltraitance et de non respect des procédures par des patients et le Pr Philippe Humbert, ancien chef du service de dermatologie, la direction a décidé de porter plainte contre le médecin pour diffamation, a-t-elle annoncé ce vendredi 24 mars lors d'une conférence de presse.
En début de semaine dans les colonnes du Parisien, le Pr Humbert, qui a dirigé le service de dermatologie pendant plus de 20 ans avant de démissionner, indiquait que des chimiothérapies non-justifiées avaient été réalisées. Il a également affirmé qu’il y a eu entre 2014 et 2015 des « violations » de réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP). Ces réunions auxquelles doivent assister un chirurgien, un radiologue et un oncologue permettent de choisir le meilleur traitement pour les malades. Or, le Pr Humbert assure que dans une vingtaine de cas, l’un de ces spécialistes manquait à l’appel. Pire, des documents auraient été falsifiés pour faire croire que les 3 spécialistes étaient bien présents. « On a menti aux patients », assénait-il.
Pas de fautes graves, selon l'ARS
Des accusations infondées pour l’Agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne-Franche-Comté, qui vient de rendre son rapport définitif sur la situation du CHU. Bousculée par les dénonciations du dermatologue, l’ARS a décidé de le rendre public une semaine plus tôt que prévu.
Après avoir expertisé une soixantaine de dossiers, les experts estiment qu’il n’y a pas de « faits pouvant justifier la gravité des accusations formulées publiquement par l’ancien chef de service ».
Des défauts corrigés
Néanmoins, les inspecteurs et médecins à l’origine de ce rapport confirment les violations de RCP dénoncées par le médecin. Ils précisent, en effet, que « les défauts dans l’organisation et le fonctionnement des RCP relevés au cours de la précédente mission de novembre 2015 ont été depuis corrigés ». En outre, ils ne contredisent pas l’existence de prise en charge hors RCP. Si certains de ces signalement « se sont révélés infondés », d’autres se sont « focalisés sur des éléments sans incidence sur la prise en charge des patients ».
Pour l’ARS, aucune faute grave n’a été commise dans le service de dermatologie. Ce qui n’est pas le cas du Pr Humbert, estime-t-elle. Aussi, sur la base de ce rapport, l’Agence a décidé de saisir la chambre disciplinaire du conseil régional de l’Ordre des médecins pour infractions au code de déontologie médicale. Le dermatologue a déjà été entendu par la chambre disciplinaire de l’Ordre régional des Médecins le lundi 20 mars 2017.
Sortie de son silence, l’ARS veut aussi « rassurer pleinement les patients et leurs familles quant à la qualité et à la sécurité des soins offerts par le service de dermatologie du CHU de Besançon ».