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Populations à risque

Sidaction : la HAS veut renforcer le dépistage pour éradiquer l’épidémie

Par Antoine Costa

La Haute autorité de santé (HAS) souhaite mettre l’accent sur le dépistage des populations les plus exposées.

spflaum/Epictura

En France, 20 % des 150 000 personnes porteuses du VIH ignorent leur séropositivité, soit environ 30 000 personnes. Un constat qui met en lumière les limites actuelles du système de dépistage qui, d’après le Haute autorité de santé (HAS), manque encore d’efficacité pour faire baisser le nombre d’infections annuelles. Chaque année, plus de 7 000 nouvelles infections sont en effet recensées, souvent tardivement. Ce chiffre ne baisse plus.

Au regard des dernières données épidémiologiques et de recours au dépistage, la HAS souhaite donc revoir sa stratégie, pour mieux cibler les populations à risque et freiner cette dynamique. Elle propose des objectifs de dépistage visant ces populations-clés. Elle souhaite ainsi que les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes, pour lesquels les risques d’infection sont 200 fois supérieurs à ceux de la population hétérosexuelle, réalisent un test tous les trois mois.

Un dépistage pour chaque Français

Le délai est ramené à un dépistage par an pour les utilisateurs de drogues par injections, et les personnes originaires de zones à forte prévalence (Afrique subsaharienne et Caraïbes notamment), qui sont respectivement 20, et 30 à 70 fois plus exposés.

La HAS souhaite également renforcer la vigilance dans les régions de France où les transmissions sont les plus nombreuses. En priorité, les départements français d’Amérique (Guadeloupe, Martinique, Guyane), l’Ile-de-France, qui concentrent presque la moitié des nouvelles infections, et la région PACA. Enfin, elle invite tous les Français à se faire dépister au moins une fois dans leur vie.

Des moyens diversifiés

Les tests sanguins Elisa, réalisés en laboratoire, ne sont aujourd’hui plus les seuls outils à disposition. Les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) permettent, grâce à une simple goutte de sang, et à n’importe quel moment de la journée (à jeun ou non), d’obtenir un pré-diagnostic en à peine 30 minutes - qui devra être confirmé en laboratoire en cas de retour positif. Cette méthode simple et itinérante intéresse particulièrement la HAS qui souhaite, grâce à elle, étendre le dépistage « hors-murs », en allant à la rencontre des populations-clés.

Depuis septembre 2015, l’autotest de dépistage du VIH est aussi disponible en pharmacie. En 2016, 14 000 de ces tests ont été vendus sur le sol français, et souvent pour un premier dépistage. Depuis 2017, la TVA est passée à 5,5 % – taux accordé aux produits de première nécessité, faisant ainsi baisser son prix de 30 à 25 euros en pharmacie, et à 20 euros sur Internet.
Libre d’accès, il est même gratuit, par l’intermédiaire des associations, pour trois populations à risque : les personnes très exposées au virus, celles en marge du système de santé et qui n’accèderaient pas au dépistage sans gratuité, et les personnes isolées pour des raisons administratives, financières, sociales ou géographiques.

A travers le dépistage, quelle que soit sa forme, la HAS espère aussi faire passer un message de prévention. En particulier que le Truvada, médicament limitant la transmission, et utilisé en prévention, ne remplace pas le préservatif, qui reste le meilleur moyen de se protéger du VIH, ainsi que des autres infections sexuellement transmissibles.