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Analyse de deux protéines

Tuberculose : un test rapide détecte les infections

Par Audrey Vaugrente

Un test permet de diagnostiquer la tuberculose en quelques heures. Il est aussi capable de faire la distinction avec d'autres infections.

Jason Drees, Biodesign Institute at Arizona State University

L’infection est millénaire, mais toujours aussi mortelle. En 2016, la tuberculose a tué deux millions de personnes. Si la résistance aux antibiotiques est un problème croissant, le diagnostic est lui aussi un écueil majeur. Trop lents, pas assez précis, les différents outils laissent passer trop de cas.
Des chercheurs de l’université d’Etat de l’Arizona (Etats-Unis) ont mis au point un test non seulement rapide, mais aussi plus efficace que les méthodes actuelles. Il s’appuie sur un disque et un échantillon sanguin, expliquent-ils dans la revue de l’Académie américaine des sciences, PNAS.

Spectrométrie de masse

En France, le dépistage d’une tuberculose s’appuie sur des radiographies pulmonaires dans la majorité des cas. Si les médecins suspectent une localisation pulmonaire de la maladie, ils réalisent des examens complémentaires. Examen des crachats, du liquide gastrique, fibroscopies, voire ponction lombaire… Les possibilités sont nombreuses.
« Les résultats peuvent donner des faux négatifs et ils sont limités par le fait qu’il faut plusieurs jours, voire plusieurs semaines, pour les obtenir », déplore Tony Hu, co-auteur de cette étude.

Le test mis au point dans son laboratoire s’appuie sur une méthode d’analyse nommée spectrométrie de masse. Elle consiste à détecter et identifier certaines molécules en fonction de leur masse. Justement, la mycobactérie à l’origine de la tuberculose exprime deux protéines (CFP-10 et ESAT-6) quand elle est en phase active. En quelques heures, le nano-disque peut livrer un résultat précis à 92 %, pour les formes pulmonaires ou non.

Eviter les contaminations

Avantage supplémentaire : le test reste spécifique même en présence d’autres pathologies, comme une infection à VIH. Les autres approches sont moins efficaces en présence d’une co-infection de ce type, rendant une biopsie nécessaire. La situation n’est pourtant pas rare : rien qu’en Europe, 27 000 nouveaux cas ont été confirmés. Le nano-disque permet aussi de détecter les tuberculoses latentes, jusqu’ici évaluées par intradermoréaction.

Cette avancée devrait être accueillie favorablement par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui plaide en faveur de la mise au point de tests rapides. Il faut dire que la tuberculose est extrêmement contagieuse. La mise en place d’un traitement dès le diagnostic est donc cruciale pour éviter la propagation de la bactérie et les complications. Entre 2000 et 2015, les antibiotiques ont ainsi évité 50 millions de décès liés à la maladie.