Le Dr Bernadette Perrot fait la Une de l'actualité. Faute de parvenir à trouver un repreneur à l'approche de sa retraite, cette gynécologue de Mayenne a mis en vente sa patientèle et son matériel pour 1 euro symbolique sur le site de petites annonces Leboncoin.
« Assez de la grisaille urbaine ? Vous êtes gynécologue à la recherche de grands espaces ? Située à 40 km d'Angers environ, une patientèle créée depuis 30 ans avec passion et regroupant quatre générations de patientes recherche un nouveau gynécologue pour les écouter, les accompagner et les suivre », écrit la praticienne à Château-Gontier (Mayenne).
Un colposcope et un échographe
Pour une petite pièce d'un euro, elle ajoute qu'elle cède un colposcope et un échographe. Après 32 ans d'exercice, la spécialiste de 69 ans prendra sa retraite à la fin de l'année 2017, trois ans après le départ de son associé, non remplacé.
« Je suis passionnée par mon métier, j'ai des relations privilégiées avec mes patientes, je suis les grossesses de mes anciens bébés », a-t-elle raconté à l'Agence France Presse (AFP).
Plus de libéraux dans le coin
Sauf qu'aucune des annonces qu'elle a publiées dans les revues médicales n'a séduit. Ni les jeunes médecins de la région, ni même des des internes en fin de parcours. « Je suis un peu la sentinelle du Sud-Mayenne en gynécologie, il n'y a plus de gynécologues libéraux dans le coin, déplore Bernadette Perrot. Moi qui me bats depuis 30 ans pour que les femmes se fassent suivre, aujourd'hui c'est le cas mais c'est nous qui désertons ».
La médecin libérale justifie ce désamour des jeunes pour les cabinets ruraux par une forme d'« hospitalo-centrisme » du système de santé français. Il est aussi souvent dénoncé par les syndicats de médecins libéraux. « Les jeunes sont plus frileux et ne savent plus trop ce qu'est un cabinet libéral, ils ont l'impression qu'on fait de la sous-médecine », a-t-elle détaillé auprès de l'AFP.
15 000 dossiers de patientes
Avec 15 000 dossiers de patientes qui sont venues la voir en consultation en trois ans, Bernadette Perrot reconnaît toutefois avoir une activité « un peu supérieure à la moyenne nationale ». Mais elle assure « ne pas demander aux jeunes de faire comme elle ». En s'associant avec un autre praticien, on vit « tout à fait correctement en prenant les vacances que l'on veut ». Dans une dernière tentative de séduction, elle assure que « la douceur angevine n'est pas un mythe ».
Pour rappel, ce type d'initiative n'est pas unique en son genre. Alors que les déserts médicaux se multiplient en France, un village des Côtes-d'Armor (Fréhel) a déjà posté en 2015 une offre sur ce site d'annonces pour trouver plusieurs généralistes. Et en Vendée, le village de La Garnache proche de la mer avait publié une petite annonce sur le réseau social Facebook.