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50 épreuves jusqu'au suicide

Blue Whale Challenge : le défi des ados qui inquiète les adultes

Par Olivier Giacotto

Parmi les jeux de défi dangereux, le "Blue Whale Challenge", connaît une notoriété sur les réseaux sociaux. L'Éducation nationale appelle à la plus grande vigilance.

smuki/epictura

L'imagination des enfants est sans fin et cela continue à l'adolescence. Pour le meilleur et parfois pour le pire. Après la Neknomination, l'Ice and Salt Challenge ou encore le Fire challenge, voici venu le temps du défi de la « baleine bleue » qui se répand en France et dans le monde. Avec son hashtag #BLUEWHALECHALLENGE, il connaît un succès grandissant sur les réseaux sociaux. C'est pourtant le plus dangereux des défis jamais proposé sur la Toile.

Pour les parents, il est donc important d’en comprendre le sens, le fonctionnement et les conséquences. Ainsi, ils pourront intervenir auprès des adolescents qui y participent ou s’apprêteraient à le faire. Afin de les aider, l'association e-Enfance (1) a fait le point il y a quelques jours.

De quoi s’agit-il ? Présenté comme un « challenge », un défi, ce phénomène porte le nom de « baleine bleue » en référence au fait que ces mammifères choisiraient le moment de leur mort en échouant sur les plages. Les défis en question consistent à entraîner les participants à se malmener, à se réveiller en pleine nuit pour écouter des musiques tristes, à ne plus parler à personne ou à s’auto-mutiler. En tout, 50 étapes, jusqu’à l'ultime épreuve, se donner la mort.
 

Comment fonctionne-t-il ? Un volontaire, un adolescent le plus souvent, se rend sur l’une des plateformes de réseaux sociaux et manifeste son envie de participer. Il se met en recherche d’un tuteur en diffusant des Hashtags, liés à l’imaginaire créé autour de ce phénomène.

D’autres utilisateurs qui utilisent les mêmes mots-dièses, les contactent en retour et les engagent à exécuter leurs ordres, les 50 « défis » graduels de ce challenge, en exerçant une manipulation mentale et éventuellement des menaces.

D’où vient-il ? Le phénomène a émergé en Russie sur Internet, il y a un an, et il serait à l'origine de 130 décès de jeunes. Il aurait été médiatisé en février en France suite à des faits divers morbides relayés sur vKontakte, Twitter, Facebook et Instagram.

« Tous les membres de la communauté éducative doivent adopter la plus grande vigilance face à ce jeu qui peut attirer des jeunes vulnérables, en pleine construction de leur identité... », a alerté récemment l'Education nationale sur sa plateforme Eduscol. Le caractère « casse-cou » des défis pourrait aussi séduire des adolescents en recherche d’émotions fortes.

Les autorités aux aguets. La Police Nationale a lancé l’alerte début mars en France et a relayé sur Twitter et Facebook le numéro 0 800 200 000 de Net Ecoute. Le ministère de l’Education nationale a suivi en alertant les Rectorats. Des enquêtes sont en cours.

Ces autorités rappellent, par ailleurs, que le Blue whale challenge pourrait servir à d’autres actes criminels. Des adultes mal intentionnés pourraient en effet manipuler des enfants fragiles jusqu’à leur faire du mal, et les attirer vers d’autres abus à caractère sexuel.

Les cas rapportés en France. A Saint-Omer (Pas-de-Calais), plusieurs cas ont été signalés et le Parquet a été saisi, d'après France 3 Hauts-de-France. Deux collégiennes ont ainsi été signalées alors qu'elles prenaient part au challenge et avaient atteint les niveaux 25 et 45 (sur une échelle de 50).

Au centre d'accueil pour mineurs Anne Frank, situé lui aussi à Saint-Omer, une adolescente a été sauvée in extremis alors qu'elle avait atteint le dernier défi et tentait de se pendre. « Il y a de vraies inquiétudes, surtout quand on voit qu'une gamine peut aller aussi loin », affirme à la chaîne Patrick Leleu, Procureur de Saint-Omer.

Les parents ne doivent pas hésiter à aborder le sujet avec les enfants. L’adolescent qui y participerait pourrait utiliser sur ses réseaux divers hashtags #baleinebleue, #baleinedemer ou encore #420, préviennent les associations et les autorités.

Les peines encourues Dans tous les cas, le parrain, tuteur, ou mentor éventuel risque une condamnation pour incitation au suicide. Ce délit est puni de 3 à 5 ans d’emprisonnement et de 45 000 euros à 75 000 euros d’amende.

 

(1) Agréée par le ministère de l’Education nationale