Ils ne reculent devant rien, encore moins devant la santé publique. Imitant les fabricants de tabac dont ils veulent pourtant se distinguer, les buralistes français vont lancer leur propre marque de cigarettes, « LCB » (La Cigarette du Buraliste). La Confédération des Buralistes a choisi de l’annoncer dans les pages du Figaro ce matin, après avoir savamment entretenu le secret autour de ce projet. La commercialisation devrait survenir dans les prochains jours.
Elle fait déjà grincer les dents. D’abord parce qu’elle émane d’une organisation qui se présente comme « préposée de l’Etat », liée à l’administration par des « contrats d’avenir » qui l’engagent à respecter, moyennant rétribution, les objectifs de santé publique du gouvernement. Parmi eux, il y a évidemment l’interdiction de vente aux mineurs, très peu respectée sur le territoire. On trouve également l’interdiction de faire de la promotion des produits contenant du tabac.
Tuer les citoyens avec leur argent
Or, il peut sembler difficile de concevoir que les buralistes ne promeuvent pas leurs propres cigarettes, alors que les rendements des débits sur les produits du tabac s’amenuisent et qu’ils ont un lien de proximité avec leur clientèle. Mais c’est un autre argument qui fait bondir les spécialistes de la cause anti-tabac.
« La Confédération des buralistes est abreuvée de subventions publiques et c’est avec cet argent, celui des citoyens, qu’elle va fabriquer une marque qui va les tuer ou les rendre malades », s’indigne ainsi Yves Martinet, président du Comité National Contre le Tabagisme, qui a trouvé une traduction au nouvel acronyme LCB : Le Cancer du Buraliste.
De fait, les buralistes bénéficient depuis 2004 d’importantes aides pour pallier les augmentations de taxes sur le tabac et la perte de clients. En douze ans, les buralistes ont ainsi perçu 3,5 milliards d’euros. Des aides épinglées par la Cour des Comptes en février, tant elles semblent contradictoires, inefficaces et particulièrement coûteuses.
Cibler les jeunes et les pauvres
Selon Le Figaro, la marque de distributeur (MDD) des buralistes a été homologuée début février par les autorités françaises, qui n’ont visiblement pas souhaité monter au créneau sur ce dossier, après la fronde des buralistes ulcérés par le paquet neutre. Elle sera vendue à un prix qui fait bondir les tabacologues : 6,60€, soit moins que la plupart des paquets mais 10 centimes de plus que les cigarettes les moins chères. « Les jeunes et les personnes sans ressources sont ici ciblés », déplore Yves Martinet, qui ne veut pas croire que cette nouvelle marque augmentera la consommation. « Les Français ne sont dupes... »