Alors que le Canada vient d’entamer le processus qui devrait mener, dans les prochains mois, à la légalisation du cannabis dans le pays, l’Argentine modifie elle aussi sa législation. Il ne s’agit pas là d’usage récréatif, mais de la possibilité pour certains patients d’avoir accès à de l’huile de cannabis à des fins thérapeutiques.
En Amérique du Sud, l’Uruguay est sans doute le pays le plus permissif en matière de cannabis. En décembre 2013, le gouvernement y a en effet autorisé non seulement la possession, l’usage, mais aussi la culture de plants de marijuana. L’Argentine est encore bien loin de ce modèle unique au monde, mais la possession de petites quantités de cannabis n’y est pas pénalisée. Un contexte d’ouverture, qui a sans doute facilité la tâche des sénateurs argentins qui ont entériné ce mercredi une loi approuvée par les députés en novembre dernier, précise l’Agence France-Presse.
La demande des familles et des patients était forte pour obtenir un accès à cette huile de cannabis, qui pourrait soulager symptômes et douleurs de plusieurs pathologies, de la sclérose en plaques à l’autisme. « C'est un rêve qui se réalise, une immense joie car cela va soulager (...) les patients quelle que soit leur pathologie », a déclaré à l'AFP Maria Laura Alasi, dont la petite fille de 4 ans souffre d’une forme grave d’ épilepsie, le syndrome de West. Cette loi permettra à l’Argentine d’importer l’huile de cannabis, qui devrait être gratuite pour les patients atteints des maladies prévues par la loi.
Le pays deviendra donc peut-être prochainement un client d’Israël : l’Etat hébreu a en effet voté en février dernier une loi autorisant l’exportation de cannabis thérapeutique. Si l’usage récréatif reste interdit dans le pays, Israël fait figure de leader pour les usages médicaux. L’emploi du cannabis est largement promu depuis une dizaine d’années. Selon Europe 1, en 2015, près de 25 000 Israéliens étaient traités avec de l’huile de cannabis.
Des fonds importants sont également investis en Israël, dans la recherche sur les effets thérapeutiques du cannabis. Et il y en a bien besoin. La littérature scientifique sur le sujet n’est pas très nourrie, en tout cas pas suffisamment selon certains experts français, qui attendent plus de preuves avant de se positionner pour introduire les dérivés de la plante dans la pharmacopée.
Dans l’Hexagone, les demandes des patients sont restées lettre morte. Marisol Touraine avait fait un pas en 2014 en autorisant le Sativex, déjà disponible dans plusieurs autres pays européens, pour les patients atteints de sclérose en plaques. Mais depuis, la situation est au point mort. Les négociations sur le prix du médicament entamées entre le CEPS (Comité économique des produits de santé) et le laboratoire espagnol Almirall ont tourné au bras de fer. Le laboratoire reproche à la France d’avoir proposé un prix équivalent à 17 % de celui demandé. Un prix qui pourrait être justifié par une efficacité qui ne convainc pas la Haute autorité de santé. Les patients qui, eux, s’estiment soulagés par le cannabis restent contraints de se débrouiller, beaucoup n’ayant d’autre choix que de consommer sous forme de joints, avec d’autres risques pour leur santé.