L’anesthésiste de Besançon mis en examen pour « empoisonnement avec préméditation » a été placé sous contrôle judiciaire. Contre l’avis du parquet, la cour d’appel de Besançon a décidé de laisser le médecin en liberté contre une caution de 100 000 euros. Frédéric Péchier est accusé d’avoir empoisonné 7 patients, dont 2 mortellement, dans deux cliniques bisontines entre 2008 et 2017. La justice examine également une quarantaine d’autres cas suspects, dont une vingtaine de décès.
Cette affaire a tout du roman L’étrange cas du Dr Jekyll et Mr Hyde. Interdit d’exercer depuis sa mise en examen, l’anesthésiste, présenté comme l’un des meilleurs de sa profession, clame son innocence. A la presse, ses proches et collègues vantent son professionnalisme et sa disponibilité. Ils expliquent que le Dr Péchier était souvent appelé lors des situations les plus compliquées, parfois pour sauver des patients qui auraient pu mourir sur la table d’opération.
Mais la survenue de 2 accidents cardiaques inexpliqués le 11 et 20 janvier à la clinique Saint-Vincent entache le tableau d’honneur de l’anesthésiste. Les deux patients étaient en bonne santé et subissaient une intervention banale. Tout comme dans les 5 autres cas recensés entre 2008 et 2017.
Une affaire sur fond de jalousie
Pour tous ces patients, des doses létales de potassium et d’anesthésique ont été retrouvées dans des poches de perfusion. Les enquêteurs concluent donc à « des actes intentionnels ». Le Dr Péchier s'en défend et assure ne pas avoir injecté ces molécules. « Pourquoi je ferais un truc pareil ? Je m’amuserais à injecter des produits toxiques à des personnes pour, ensuite, aller les réanimer ? C’est complètement aberrant », s'indignait-il dans L'Est républicain.
Lors de l’audience du 29 mars, son avocat, Me Schwerdorffer, a rappelé que 200 personnes ont accès au bloc opératoire. N’importe qui aurait donc pu commettre l'acte malveillant selon lui. Pour le prouver, il n'a pas hésité à fournir aux juges une vidéo dans laquelle il se met en scène et où on peut le voir empoisonner les poches de perfusion, raconte l’Est républicain.
Me Schwerdorffer a également lancé des accusations sur 3 anesthésistes de la clinique Saint-Vincent. Ces praticiens auraient tout fait pour diriger l’enquête vers le Dr Péchier par péché de jalousie, a affirmé le magistrat. Avec cette ligne de défense, l’avocat tente d’éviter à son client la réclusion criminelle à perpétuité.