La sensation d’un marteau piqueur dans le cerveau, d’une pulsation permanente… Les métaphores sont nombreuses pour décrire la douleur d’une migraine. Elle est parfois si intense que la seule solution reste de s’allonger dans le noir. Une limitation de la vie quotidienne qui peut se répercuter sur la santé mentale. En effet, une étude de l’université de Toronto (Canada) parue dans Headache montre que les migraineux sont plus à risque de trouble anxieux généralisé.
Les hommes défavorisés
Dans le cadre de cette étude, menée sur plus de 20 000 personnes, le désavantage des personnes souffrant de migraine est clair. 6 % d’entre eux présentent un trouble anxieux généralisé. En population générale, seuls 2 % des personnes en souffrent. La double peine est encore plus marquée chez les patients de sexe masculin, deux fois plus nombreux à signaler une anxiété que les femmes.
« C’est étonnant car, en population générale, les femmes sont plus à risque de trouble anxieux généralisé que les hommes », souligne Senyo Agbeyaka, co-auteur des travaux. L’explication réside dans l’accès aux soins des deux sexes. Les femmes ont plus tendance à consulter un médecin, et à suivre un traitement de fond ou d’appoint. Leurs crises sont donc globalement mieux contrôlées.
Un quart de limitations quotidiennes
Parmi les facteurs d’influence figure aussi le lien social. Les troubles anxieux sont cinq fois plus présents chez les migraineux qui ne peuvent pas se confier. Le soutien moral aurait donc un rôle sur les répercussions mentales des syndromes douloureux chroniques, comme dans d’autres pathologies.
L’explication réside peut-être dans l’impact de la migraine sur la vie quotidienne. 30 % des personnes souffrent de douleurs chroniques handicapantes. A tel point que dans un quart des cas, le syndrome cause des difficultés à accomplir les tâches domestiques quotidiennes.
« La nature imprévisible et incontrôlable du mal migraineux peut être très anxiogène quand cela interfère sans prévenir avec la vie de famille et les responsabilités professionnelles », explique Janany Jayanthikumar. S’y ajoutent des tensions qui peuvent émerger avec les proches et la frustration que ces limitations peuvent occasionner. Les professionnels de santé sont donc invités à prêter une attention particulière aux patients migraineux.
La dopamine impliquée dans les symptômes de la migraine
La dopamine est un neurotransmetteur polyvalent. Impliqué dans la motivation et la régulation des émotions, il gère aussi les perceptions sensorielles. Pour la première fois, des chercheurs américains expliquent son rôle dans la migraine. Au cours d’une crise, explique l’université du Michigan (Etats-Unis) dans Neurology, le taux de dopamine chute. Cela a été observé grâce à des images réalisées par scanner sur 8 patients migraineux et 8 sujets contrôle. Lors de l’accalmie, les niveaux de neurotransmetteur fluctuent fortement.
Quel rôle dans la douleur et les symptômes associés à la migraine ? En chutant anormalement, la dopamine rend plus sensible à des stimulations qui, habituellement, ne provoquent pas de douleur. Voilà pour l’hypersensibilité à la lumière, au bruit ou encore aux odeurs. Des signaux venant de la peau ou des muscles peuvent ainsi devenir douloureux. Les variations de dopamine lors de l’accalmie n’arrangent rien : elles favorisent nausées et vomissement.
« C’est votre cerveau qui vous prévient que quelque chose ne va pas à l’intérieur, et que vous devez vous donner le temps de guérir en vous forçant à ralentir, à vous mettre dans le noir et éviter toute stimulation », résume Alexandre DaSilva, premier auteur de l’étude. Cette découverte ouvre une piste thérapeutique. D’ailleurs, le recours à des antagonistes de la dopamine sont régulièrement utilisé en traitement d’appoint de migraines.