L’aventure figure dans les annales de la médecine. En 1921, Albert Calmette et Camille Guérin mettent au point un vaccin contre la tuberculose. Il prend leurs initiales : BCG, pour bacille de Calmette et Guérin. Depuis, la composition n’a que peu varié. Comme il y a un siècle, le vaccin contient toujours une souche bovine de la maladie. Cela va peut-être changer.
Une équipe de l’Institut Pasteur et du consortium international TBVAC 2020 tente d’améliorer le produit, dont l’efficacité pèche chez l’adulte. Une première étude, publiée dans Cell Reports, décrit leur approche.
Une mycobactérie aquatique
Le vaccin antituberculeux actuel, dérivé d’une souche bovine, protège mal les adultes de la forme la plus contagieuse de la maladie, la tuberculose pulmonaire. Or, plus de 10 millions de personnes l'ont contractée en 2015. Après examen attentif du du mode d'action de la maladie avec ou sans vaccin, les chercheurs ont mis en évidence un mécanisme naturel que ne reproduit pas le BCG.
Lors d’une infection standard, la cellule hôte est endommagée par un système nommé ESX-1 qui rompt sa membrane. C’est ce qui déclenche une réponse immunitaire. Mais le BCG, lui, ne dispose pas d’un système de sécrétion ESX-1, empêchant la réaction immunitaire en cascade de se produire. C’est sur ce mécanisme que l’équipe internationale s’est appuyée.
Efficace chez la souris
Les chercheurs ont utilisé une mycobactérie aquatique peu virulente, plutôt que la souche bovine de la tuberculose. A partir de celle-ci, une souche dite « recombinante » de BCG a été produite. Avec un petit plus, le système de sécrétion de protéines ESX-1, qui améliore la réponse immunitaire.
Ce candidat vaccin agit donc d’une manière légèrement différente par rapport au BCG actuel. En restaurant la réponse immunitaire innée, il doit améliorer la puissance du vaccin. Chez la souris, cette hypothèse se confirme ; les rongeurs infectés par la tuberculose après leur vaccination sont davantage protégés par rapport aux animaux qui ont reçu le BCG.
Ces résultats doivent maintenant être reproduits avant d’envisager un développement chez l’homme. Une telle évolution pourrait s’avérer cruciale : si le monde a pour objectif d’éradiquer la tuberculose, 1,8 million de personnes décèdent. La maladie figure toujours parmi les 10 principales causes de décès dans le monde.