En dix ans, le nombre de personnes atteintes de dépression a augmenté de 18 %. Et les soins apportés aux plus de 300 millions de personnes dans le monde qui broient du noir restent insuffisants, selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Un tableau bien sombre à quelques jours de la Journée mondiale de la santé organisée le 7 avril.
Des scientifiques américains viennent en effet de mettre en évidence l'efficacité d'un marqueur biologique, la protéine C réactive, connue sous le nom de CRP. Dans des travaux publiés au sein de la revue Psychoneuroendocrinology l'équipe montre que grâce à une simple prise de sang, elle aiderait à trouver le traitement antidépresseur le plus efficace.
Des résultats nets
Dans cette étude menée par l'Université du Texas aux Etats-Unis, les 100 participants souffrant de dépression se sont vus prescrire deux types d'antidépresseurs : l'escitalopram et le bupropion. Le premier régule un neuromédiateur essentiel à l'équilibre nerveux dans le cerveau, la sérotonine. Le second, le bupropion, inhibe la recapture de la sérotonine et de deux autres neuromédiateurs : la noradrénaline et la dopamine.
Pour les patients qui présentaient un niveau de CRP inférieur à 1 milligramme par litre, l'escitalopram s'est avéré plus efficace avec un taux de rémission de 57 %, comparé à moins de 30 % pour l'autre traitement.
A contrario, l'association des deux traitements a été plus bénéfique pour les patients aux taux de CRP plus élevés, avec un taux de rémission de 51 % comparé à 33 % pour la seule prise de l'escitalopram.
Une révolution pour les patients ?
Des résultats prometteurs pour les patients car la bonne molécule n'est pas toujours évidente à trouver, selon le type de dépression (mélancolique, anxieuse, pseudo-démentielle, post-partum). A cela s'ajoutent des effets secondaires (prise de poids, troubles sexuels...) qui nécessitent parfois un changement de médicament ou une adaptation du dosage.
Les premiers effets du traitement apparaissent normalement au bout de 15 jours. Et si le traitement est efficace, il est, en général, poursuivi au moins 6 mois pour consolider les effets. Or, 40 % des patients ont tendance à abandonner avant 3 mois, laps de temps minimum recommandé par les psychiatres.
La piste inflammatoire relancée
Depuis quelques années, la piste de l'origine inflammatoire de la dépression fait l'objet de plusieurs études qui ont prouvé la corrélation entre le système immunitaire et les symptômes dépressifs. Pour les chercheurs, ces "dépressions inflammatoires" peuvent se manifester par des niveaux plus faibles de CRP mais de manière chronique.
Dans un scénario futur, on pourrait imaginer que la recherche de ces traces d'une éventuelle inflammation de bas grade chez les patients dépressifs devienne un examen de routine en psychiatrie. Pour aller plus loin, les chercheurs envisagent d'élargir leur expérimentation pour vérifier le rôle de la CRP avec d'autres antidépresseurs et trouver d'autres marqueurs biologiques dans les cas où la CRP ne s'avère pas efficace.