On dit souvent que les cordonniers sont les plus mal chaussés. Et les médecins les plus mal soignés ? C’est ce que suggère le Collège Français des anesthésistes-réanimateurs (CFAR). Il lance, ce 31 mars, une campagne destinée à tous les professionnels de santé. Et les invite à trouver un médecin traitant. Car ceux qui nous soignent ont la mauvaise habitude de se tourner vers l’automédication.
Le slogan ne brille pas par son originalité, mais il est efficace : « Dis, doc, t’as ton doc ? » L’interrogation est justifiée : 80 % des praticiens ne disposent pas d’un médecin traitant – tout comme 41 % des internes et jeunes médecins. L’objectif du CFAR, atteindre 100 % de suivi pour ces professionnels de la santé.
60 % d’auto-prescriptions
Car nos soignants ne sont pas des surhommes, eux aussi tombent malades. Mais lorsque c’est le cas, ils privilégient l’autodiagnostic et l’automédication. Une habitude pas forcément recommandable. En effet, faut-il le rappeler, 12 à 16 % des internes ont déjà eu des pensées suicidaires et un professionnel en exercice sur deux se dit en burn-out. Un mal-être qui retentit sur les prescriptions. Sans compter que, selon la Drees, 60 % des antidépresseurs consommés dans la profession sont auto-prescrits.
S’y ajoute une santé physique qui laisse souvent à désirer. L’étude de la Drees, publiée en 2010, signale que 30 % des généralistes déclarent une maladie chronique au moins. Ils sont toutefois plus sérieux sur le plan de la prévention et des comportements à risque. Par exemple, les dangers de la cigarette sont mieux assimilés.
A l’inverse, la consommation de psychotropes se rapproche de celle en population générale. Rien d’étonnant à cela : fatigue, stress et manque de sommeil sont des troubles fréquents chez nos soignants.