Bill Kochevar a 56 ans. Depuis un accident de vélo il y a dix ans, il est tétraplégique, blessé au niveau de la quatrième vertèbre cervicale et paralysé à partir des épaules. Cet Américain a participé à une étude publiée dans le Lancet aux résultats spectaculaires : l’homme peut de nouveau utiliser son bras et sa main droite pour boire ou manger, grâce à une nouvelle neuroprothèse décrite comme une « première » médicale par des chercheurs.
Sur sa tête, Bill Kochevar porte deux boîtiers ; dans son cerveau, 192 microélectrodes ont été implantées chirurgicalement. Elles enregistrent les signaux que sa matière grise envoie lorsqu'il imagine bouger le bras et la main.
"Câbles"
Grâce à un système de « câblage », les chercheurs ont ainsi pu restaurer le mouvement du bras commandé par la pensée. Le dispositif contourne la lésion de la colonne vertébrale en utilisant des fils, des électrodes et des logiciels informatiques pour reconnecter son cerveau et les muscles de son bras paralysé.
Avec ce dispositif expérimental, ses muscles reçoivent des instructions par le biais de 36 électrodes implantées dans son bras et son avant-bras : il peut ainsi l'utiliser pour boire une gorgée de café, se gratter le nez et manger de la purée de pommes de terre, précisent les auteurs.
« À notre connaissance, c'est le premier exemple au monde d'une personne atteinte d'une paralysie totale, complète », utilisant directement la pensée pour déplacer le bras et la main pour effectuer des « mouvements fonctionnels », a déclaré le coauteur de l'étude Bolu Ajiboye, cité par l'AFP.
Une méthode à répliquer
Bill Kochevar a reçu ses implants intracérébraux fin 2014. Il est également équipé d'un bras mobile de support, sous le contrôle de son cerveau, qui l'aide à surmonter la gravité qui l'empêcherait de lever le bras pour que sa main puisse saisir la fourchette et la tasse.
Des recherches précédentes s'appuyaient sur des éléments similaires de neuroprothèse. L'an dernier, le cas d'un jeune américain avait été rapporté. Il avait réussi à se servir de sa main grâce à une interface cerveau-ordinateur, mais il souffrait d'une paralysie moins sévère, selon les auteurs de la nouvelle étude.
A ce jour, le traitement ne peut pas être utilisé en dehors d’un laboratoire, soulignent toutefois les auteurs. Il reste d’ailleurs beaucoup à faire avant de généraliser les neuroprothèses, dont la miniaturisation de dispositifs qui devront être bon marché et robustes afin d’être largement accessibles. Les mouvements sont encore lents et approximatifs, mais pour Bill Kochevar, « être capable de bouger juste ce petit peu est impressionnant », a-t-il déclaré.