Une économie immédiate de 68 millions d’euros par an pour une dépense ultérieure de 800 millions d’euros ! Tel est l’objet du litige qui oppose aujourd’hui la ministre de la Santé aux différentes organisations représentant les rhumatologues et les malades (1).
A partir du 1er juin, explique Daniel Rosenweg dans Le Parisien, les injections intra-articulaires d’acide hyaluronique dans le genou ne seront plus prises en charge par l’Assurance maladie. Elles servent à réduire la douleur des patients qui souffrent d’arthrose.
Une décision qui s’appuie, souligne le journaliste, sur l’avis de la Commission d’évaluation des dispositifs médicaux qui a dégradé la note du service médical rendu de cette technique.
Avec 700 000 interventions pratiquées chaque année et un coût unitaire de 120 euros, ces injections coûtent 68 millions d’euros par an à la collectivité.
Mauvais calcul, rétorquent les spécialistes et les patients. Forts d’une pétition signée par 400 000 personnes, ils viennent d’adresser une lettre ouverte à la ministre pour contester cette décision. Elle est, d'après eux, en contradiction avec les engagements pris par Marisol Touraine à l’égard des médecins et des malades.
Mais surtout, les spécialistes estiment que cette technique « offre le meilleur rapport bénéfice risque dans cette maladie ». Même s’il reste modéré. De plus, ces derniers font valoir que cette décision va pénaliser en priorité les patients qui n’auront pas les moyens de recourir à la lubrification des articulations pour soulager leur douleur. La version médicament de l’acide hyaluronique injectable offre une alternative au dispositif médical, répond le ministère.
Mais, selon les médecins interrogés par le quotidien, elle serait moins performante et nécessiterait des injections plus fréquentes.
Et pour appuyer leurs arguments, les rhumatologues sortent leur calculette. Avec un constat. La France a deux fois moins recours que de nombreux pays aux prothèses totales de genou justement parce que la maladie est bien prise en charge en amont. En supprimant le remboursement du dispositif médical, le marché des prothèses va, selon eux, immanquablement grimper. A raison de 7 000 à 13 000 euros l’unité, la facture devrait s’élever à 800 millions d’euros par an.
(1) Collège français des médecins rhumatologues, Société française de rhumatologie, Syndicat national des médecins rhumatologues, Association Française de Lutte Anti-Rhumatismale, représentant les patients