C’est un jeu d’enfant : application, géolocalisation, direction la maison. Après une soirée arrosée, les VTC ont sauvé plus d’une âme alcoolisée. Peut-être ont-ils même évité quelques accidents de la route… La simplification du système de taxi via les applications Smartphones tend à rendre la démarche plus accessible, plus automatique. Qui prend sa voiture pour sortir faire la fête quand il y a Uber, ou les autres compagnies moins onéreuses arrivées progressivement sur le marché ?
C’est précisément cette intuition empirique qui a poussé une équipe de scientifiques à étudier l’impact des VTC sur les accidents de la route liés à l’alcool. Des chercheurs de l’Université de New York ont ainsi publié des « working papers » (documents de travail non publiés dans une revue, mais pouvant éventuellement servir de base à une étude approfondie) sur la question, repérés par le journal The Economist.
40 collisions en moins par mois
Selon les auteurs de ces documents, l’arrivée en 2011 des VTC à New York est associée à une diminution progressive de 20 à 30 % du nombre d’accidents liés à l’alcool dans la ville – soit 40 collisions de moins par mois.
Pour parvenir à ce chiffre, les auteurs ont passé en revue les données de sécurité routière de la ville dans les cinq quartiers de New York entre 1989 et 2013. Ils les ont comparées à des « lieux contrôle » - cinq quartiers de l’Etat de New York à densité et accidentologie routière égales, dans lesquels Uber ne s’est pas implanté.
Résultat : dans les quartiers investis par Uber (Manhattan, Brooklyn, Queens et le Bronx), après avoir écarté les facteurs confondants, les chercheurs ont observé une baisse des accidents de la route liés à l’alcool entre 2011 et 2013. Au contraire, dans un autre quartier de la ville (Staten Island) où les VTC sont arrivés plus tardivement, les chiffres ne montrent aucune diminution du nombre d’accidents.
Réduction des risques
Des travaux précédents, menés en Californie entre 2009 (date de l’implantation des VTC) et 2014 par l’Université Temple (Philadelphie), étaient parvenus à une conclusion similaire, avec une diminution de 3,6 % à 5,6 % de la mortalité routière liée à l’alcool.
Aux Etats-Unis, 40 000 personnes meurent chaque année sur les routes, dont un tiers après avoir consommé de l’alcool. Si ces travaux très préliminaires ne constituent pas un appel à télécharger l’application de VTC, ils ont néanmoins l’intérêt d’attirer l’attention sur un facteur potentiel de réduction des risques.
Un créneau commercial
La célèbre compagnie en a d’ailleurs conscience, elle qui joue volontiers sur ce tableau pour séduire de nouveaux clients à travers le monde. En Russie, où l’alcool produit de nombreux dégâts sur les routes, Uber a mené une opération commerciale en mai avec une chaîne de restaurants français. Sur les étiquettes d’une édition limitée de bouteilles de vin, le leader de VTC avait caché dans le décor un accident de voiture. Au dos de la bouteille figurait un code promo permettant d’obtenir un trajet gratuit.
Autre initiative originale : une borne « Uber Safe » dans les rues de Toronto (Canada), équipée d’un éthylotest. Le fêtard, invité à souffler pour savoir s’il peut prendre la route, se voit offrir une course gratuite en cas d’ivresse.