C’était en 2014 à Berlin. Ce dimanche d’automne, Denis Kipruto Kimetto établit un nouveau record du monde du marathon. 2h 02min 57sec. Mais ce titre pourrait lui être raflé cette année, assure une étude publiée dans Sport Medicine. De quoi donner la niaque aux milliers de participants au 41ème marathon de Paris organisé ce dimanche 9 avril.
A l’aide de modélisations mathématiques, Wouter Hoogkamer de l’université du Colorado (Etats-Unis) a montré que les marathoniens pouvaient courir cette épreuve de 42,195 km en moins de 2 heures. « Un tel saut ne s’est jamais vu dans l’histoire du marathon. On a l’impression que c’est juste 2 minutes et 57 secondes à gagner mais c’est énorme », glisse à Pourquoidocteur le Pr Jean-François Toussaint, directeur de l'Institut de recherche biomédicale et d'épidémiologie du sport (Irmes). « Pour y arriver il faudrait que les coureurs mettent toutes leurs chances de leurs côtés. Mais malheureusement ce ne sera pas le cas à Paris ce dimanche », prédit-il.
Un équipement ultra-léger
En effet, selon les travaux de Wouter Hoogkamer, courir un marathon en un temps si court demande « la bonne course et une importante organisation ». Première astuce : les coureurs devront porter des chaussures plus légères que celles de l’athlète kenyan Denis Kipruto Kimetto. En portant des chaussures pesant 130 g, soit 100 de moins que celles d’aujourd’hui, il est possible de gagner 57 secondes. Déjà un bon début.
Outre l’équipement, il apparaît que les conditions environnementales sont cruciales. Pour réduire la résistance à l’air, il faudrait que les meilleurs mondiaux s’alignent et courent les uns derrière les autres comme le font les cyclistes. « Il faudrait déjà qu’ils se mettent d’accord pour courir au profit de l’un d’eux, ce qui sur le plan des égos ne va pas être simple », s’amuse le Pr Toussaint, ancien athlète de haut niveau.
Maîtriser les éléments de la nature
Plus compliqué encore, maîtriser le vent. « Il faut qu’il soit toujours dans le dos des coureurs. Or sur un parcours circulaire, cela voudrait dire que le vent tourne à mi-parcours et continue de souffler en direction des coureurs », décrit le spécialiste français. Peu probable.
La température est aussi un élément clé pour que les sportifs explosent des records. « La température idéale a été évaluée à 10 °C. Si vous courrez un marathon à 25°C, il est impossible de battre un record ». En effet, dans ces conditions estivales - attendues à Paris ce 9 avril -, les coureurs rencontrent des difficultés pour éliminer la chaleur produite par l’effort musculaire et faire chuter leur température interne. « Lorsqu’on termine un marathon, la température corporelle approche les 40,5 °C, donc dès qu’il fait un peu chaud on risque les coups de chaleur. C’est notamment pour cette raison qu’il y a eu tant de coureurs hospitalisés à la fin des marathons de Chicago en 2007 et Boston en 2012 ».
Un exploit caché dans les gènes
De fait, finir un marathon est déjà un exploit. Mais l’achever en moins de 2 heures requière forcément des pouvoirs quasi magiques. Des dons dissimulés dans les gènes. Cette prédisposition génétique expliquerait notamment pourquoi 96 % des 100 meilleurs mondiaux sont originaires de la Corne de l’Afrique. « Toute la population kenyane ou éthiopienne n’est pas capable de courir un marathon, mais il se trouve effectivement que dans cette région géographique on observe une adaptation importante aux conditions thermiques chaudes ainsi que des taux d’hémoglobines supérieurs liés à l’altitude qui sont plus favorables à la performance d’endurance », explique le Pr Toussaint.
Autant de paramètres à rassembler qui font dire au spécialiste français que l’exploit d’un marathon en 2h ne peut être réalisé qu’en laboratoire. En tout cas pour le moment.
Marathon : vos muscles sont-ils prêts à encaisser ?
Des coureurs allongés sur le sol, incapables de se lever parce que leurs jambes ne peuvent plus soutenir le poids de leurs corps. Ces images s’affichent sur nos télévisions à chaque fin de marathon. Elles illustrent à quel point ces athlètes de haut niveau, et passionnés de courses sont capables de repousser leurs limites.
Mais une fois la ligne d’arrivée franchie, certains de ces sportifs n’arriveront plus à marcher pendant quelques jours, tandis que d’autres gambaderont dès le lendemain. Une injustice d’origine génétique, expliquent des chercheurs espagnols dans Plos One.
Ces derniers ont en effet montré que la récupération musculaire est influencée par l'expression de certains gènes. Ils sont parvenus à cette conclusion après avoir étudié 7 gènes responsables de la fonction musculaire chez 71 marathoniens expérimentés. « Dans le futur, les coureurs pourront dresser leur profil génétique et ainsi savoir s’ils sont du genre à bien récupérer ou au contraire difficilement. Ils pourront alors mieux se préparer aux épreuves et adapter leur entraînement », souligne Juan Del Coso, l’un des auteurs.