Placés dans leur couveuse dès les premières heures de leur vie, les bébés prématurés sont entourés de fils et de bip incessants. Mais à l’hôpital universitaire de Zurich (USZ), les nouveau-nés pourraient bientôt être débarrassés de ces objets encombrants. Des chercheurs de l’école polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) ont mis au point des caméras capables de mesurer en continu les paramètres vitaux des bébés sans avoir besoin de capteurs sur leur peau.
« Pour mesurer le rythme cardiaque, la caméra détecte les petites variations de couleur de la peau des bébés, explique Virgine Moser du CSEM, un centre de recherche et de développement suisse spécialisé dans les nouvelles technologies. Et pour surveiller la respiration, la caméra analyse les mouvements de leur cage thoracique ». La nuit, ces caméras ultrasensibles sont remplacées par des caméras infrarouges, ce qui permet de suivre en continu les bébés.
Pour évaluer ces outils, les chercheurs de l’EPFL et du CSEM ont étudié un groupe d’adultes. Les caméras ont été paramétrées pour examiner les changements de couleur du front des participants. « Nos algorithmes permettent de suivre cette zone lors de mouvements, de distinguer les pixels de peau et d’utiliser les petites variations de couleur de ces pixels pour extraire le rythme cardiaque, décrit Sibylle Fallet, doctorante EPFL. Ces tests ont montré que les caméras obtiennent pratiquement les mêmes résultats que les capteurs traditionnels».
Plus de confort pour les bébés
Les chercheurs et médecins suisses participant à cette étude fondent beaucoup d’espoirs sur ce système de surveillance car il permettrait d’améliorer le confort des bébés prématurés. « Les capteurs actuels, posés sur le torse des bébés, sont si sensibles qu’ils génèrent près de 90 % de fausses alertes, surtout dues aux mouvements des bébés, explique le Dr Jean-Claude Fauchère, médecin-adjoint de la clinique de néonatalogie à l’USZ. Cela entraîne un inconfort pour le bébé, que l’on doit à chaque fois manipuler, et un important facteur de stress ainsi qu’une mobilisation inutile des infirmières ».
Grâce à leur grande sensibilité, les caméras généreraient moins de fausses alarmes. Les soignants pourraient donc se concentrer sur les vraies urgences. Convaincu de leur intérêt, l’hôpital zurichois s’apprête à lancer les tests sur des nouveau-nés. « Nous allons effectuer des mesures sur un maximum d’enfants prématurés pour vérifier si, en situation réelle, les résultats livrés par nos algorithmes correspondent aux données recueillies par les capteurs placés sur la peau », indique Virgine Moser, responsable de l’installation.
Si les résultats sont concluants, les prématurés suisses pourraient être filmés 24h/24 dans leurs couveuses d’ici quelques années.