Contre l’humain, les punaises de lit semblent toujours plus fortes. Elles ne contentent plus de dévorer son sang la nuit, en prenant sa victime par surprise. Ruiner son sommeil, sa literie, parfois même sa vie, ce n’est pas assez. Voilà maintenant que ces nuisibles résistent à la seule arme dont dispose leur pauvre garde-manger : la bombe insecticide.
Une étude publiée dans la revue Journal of Economic Entyomology confirme ce que l’on craignait : l’efficacité de ces produits pour venir à bout des punaises de lit ne cesse de diminuer. Les deux molécules en vogue aux Etats-Unis affichent leur impuissance face à certaines espèces, rapportent les chercheurs.
Mortalité inférieure à 75 %
Ainsi, trois populations de « bed bugs » sur dix collectées en ville (Indiana, New Jersey, Ohio, Tennessee, Virginia, Washington) ont une sensibilité fortement réduite au chlorfénapyr ; pour le bifenthrin, la proportion s’élève à cinq populations de nuisibles.
Pour parvenir à ce constat, les chercheurs ont exposé ces punaises aux deux insecticides et ont calculé la mortalité. Lorsqu’elle est inférieure à 75 %, la science estime que l’espèce a développé une résistance, ce qui était le cas pour les deux molécules.
Tenaces
La punaise de lit la plus courante (Cimex lectularius) montre déjà des signes de résistance à la deltaméthrine et à d’autres insecticides de la classe des pyréthroïdes, expliquent les chercheurs. C’est ce qui explique la réémergence des nuisibles en Amérique du Nord, puis au Royaume-Uni et en Europe. Selon une enquête menée parmi les professionnels du secteur, baptisée « Bugs Without Borders », la punaise de lit est de loin l’insecte le plus difficile à éradiquer.
Les chercheurs estiment que les deux insecticides visés par l’étude devraient être utilisés en association avec d’autres méthodes, « afin de préserver leur efficacité à long terme ». Ils soulèvent par ailleurs une question, sans réponse à ce jour. Le chlorfénapyr et le bifenthrin ont des modes d’action différents ; or, les punaises de lit résistent aux deux, selon des mécanismes qui échappent encore aux auteurs. D’autres travaux seront donc nécessaires pour mieux comprendre comment la punaise de lit finit toujours par remporter la bataille.