Ce geste est un aveu d'échec de la part des parents. Pour les enfants qui en sont victimes, les conséquences peuvent être très lourdes. Mais le syndrome du bébé secoué reste sous-détecté en France, et ailleurs dans le monde. Peut-être plus pour longtemps. Une équipe de l’Hôpital pour enfants de Pittsburgh (Etats-Unis) a mis au point un test sanguin. Il détecte les hémorragies intracrâniennes causées par le secouement, expliquent les auteurs dans le JAMA Pediatrics.
Un outil complémentaire
Sur le papier, les symptômes sont clairs : somnolence inhabituelle, refus de manger, vomissements mais aussi tendance à ne pas fixer le regard, rigidité du corps ou encore difficultés à respirer. Mais dans les faits, les signes ne sont pas toujours évidents. C’est ce qui explique la sous-évaluation des victimes. 180 à 200 enfants souffrent, chaque année, d’un tel syndrome en France. L’Assurance Maladie le reconnaît elle-même, ce chiffre est très certainement inférieur à la réalité.
Alors comment améliorer le diagnostic ? Les chercheurs américains proposent un nouvel outil qui devrait guider les professionnels de santé. Ce test sanguin recherche trois biomarqueurs dans l’hémoglobine. Ils reflètent la présence d’une hémorragie cérébrale. A partir d’un score élaboré en amont, les chercheurs repèrent les nourrissons qui en souffrent ou non
« Nous pensons que le test peut compléter l’examen clinique et, dans les cas où les symptômes ne sont pas clairs, aider les médecins à prendre la décision de prescrire une imagerie ou non », explique le Dr Rachel Berger, principal auteur de l’étude. Détecté plus tôt, le syndrome sera mieux pris en charge et les conséquences moins durables.
Un risque élevé de récidive
Un premier essai a été réalisé sur des échantillons sanguins stockés dans les archives de l’hôpital. Avec succès. Les chercheurs ont donc recruté 599 enfants admis dans trois établissements hospitaliers différents. Dans 90 % des cas, le test sanguin a été capable de détecter une hémorragie intracrânienne. En guise de comparaison, les examens cliniques ont une précision estimée à 70 %.
Le test se montre en revanche peu spécifique, c’est-à-dire qu’il est moins apte à identifier les enfants ne présentant pas de saignement. Mais l’équipe le souligne : l’objectif est bien d’augmenter la détection des hémorragies, quitte à réaliser plus d’imageries négatives. Il faut dire qu’aux Etats-Unis, environ 3 syndromes sur 10 ne seraient pas diagnostiqués, en raison de mauvaises explications des parents ou de symptômes peu précis.
Sans traitement, le syndrome du bébé secoué peut provoquer des dégâts cérébraux permanents à l’enfant. Troubles du comportement, cécité ou encore paralysie peuvent survenir, même plusieurs années après les premiers symptômes. Le risque de récidive est aussi considérable. « Le syndrome du bébé secoué est la principale cause de décès par traumatisme crânien chez les nourrissons, et la principale cause de décès par violences physiques aux Etats-Unis », indique ainsi Rachel Berger.