Le pouce de l’Homo Sapiens, version deuxième millénaire, est habile, preste au texto, apte à converser longuement en tapotant à toute vitesse sur un écran de verre. Ceux qui connurent l’ancien millénaire s’en étonnent souvent et hésitent : les nouveaux sont-ils coupés du monde ou ultra-branchés ? Renfermés dans leur smartphone ou au contraire, particulièrement ouverts aux autres personnes ?
Des chercheurs tentent d’en savoir davantage sur la génération « réseaux sociaux ». Ce lundi, une équipe de scientifique a lancé un appel aux usagers afin d'étudier les évolutions du langage au cours des dernières années.
« Vos pouces pour la science »
L'opération « Vos pouces pour la science » vise à recueillir des conversations tenues sur Facebook, WhatsApp, Viber, Telegram ou Skype, explique dans un communiqué l'Université catholique de Louvain (Belgique), qui pilote le projet. Il s’agit d’étudier le contenu et la forme de ce langage mais aussi de déceler les compétences psychosociales qui émergent.
Des chercheurs en sociolinguistique, psychologie, sociologie et langage de plusieurs pays francophones (Belgique, France, Suisse, Québec) participent à ce projet financé par le Fonds belge de la recherche scientifique et la société de développement personnel Moodwalk, en partenariat avec l'université Montpellier 3 et l'université Rennes 2.
Génération "pluricompétente"
« Quand on parle des écrits numériques, on parle souvent d'incompétence, disant que les jeunes écrivent de plus en plus mal, explique Louise-Amélie Cougnon, chargée de recherche à l'UCL, citée par l’AFP. Mais on a observé que les jeunes et moins jeunes ont développé une pluricompétence: ils savent jongler entre une écriture normée et une langue avec laquelle on joue, où l'on remplace des lettres par des chiffres ou des émoticônes. Cette langue a ses propres règles qu'il s'agit de comprendre ».
Des questionnaires vont par ailleurs permettre à l’équipe de détecter les compétences sociales et psychologiques développées en utilisant les réseaux sociaux - par exemple, comment y gérons-nous des situations embarrassantes ?
Les données seront « anonymisées » avant d'être exploitées, précise l'université. Un logiciel remplacera tous les noms, prénoms, adresses, numéros de téléphones ou numéros de carte.
Entre 2007 et 2012, les chercheurs de Louvain avaient déjà récolté 200 000 SMS auprès de 3000 participants en Belgique, France, Suisse et au Québec pour étudier le langage SMS. Les chercheurs comptent cette fois recruter 5000 à 10 000 participants jusqu'au 7 mai 2017 sur le site http://www.vospouces.org/. L'analyse des données devrait prendre deux ans.