De manière surprenante, la santé s’est imposée en décembre dernier comme un sujet de la campagne présidentielle. Peu habitués jusque-là à débattre du sujet face au grand public, les candidats ont dû rapidement élaborer des propositions, plus ou moins percutantes. Mais reste un domaine où les propositions ne sont pas légion : la recherche. Pas forcément celle qui se fait dans les start-up, et qui promet des brevets dans les 3 ans. Non celle qui prend du temps et qui avant tout permet de faire avancer la connaissance. La recherche fondamentale, sans qui, on l’oublie bien trop souvent, la recherche appliquée et la « R&D » ne seraient pas grand-chose.
Dans le supplément Sciences & Médecine du Monde, David Larousserie résume la situation : « Science : les candidats cherchent des idées ». Le journaliste rappelle que les candidats ont été interpellés à plusieurs reprises sur le sujet. Par l’association des journalistes scientifiques de la presse d’information (AJSPI) tout d’abord, à qui seuls Jean-Luc Mélenchon et François Fillon ont daigné répondre… Les chercheurs eux-mêmes se sont saisis de la question, via une plateforme : Science-et-technologie.ens.fr. Cinq des onze candidats ont répondu… C’est finalement Sciences et Avenir, qui avait demandé à des scientifiques de renom d’interpeller les candidats, qui a le mieux réussi.
Voilà pour la forme. Mais sur le fond ? Et bien pas grand-chose susceptible de remettre du baume au cœur des maîtres de conférence, professeurs, chargés de recherche, et autres acteurs de la recherche académique française. Tous les candidats ou presque s’accordent à dire qu’il faut augmenter le budget de la recherche. L’objectif serait à 3 % du PIB, la France en est à 2,4 %. Un effort qui peut sembler bien petit, mais qui représente en fait beaucoup.
Comment donc combler ce 0,6 point ? Là, les candidats restent évasifs. Idem pour l’emploi des jeunes chercheurs. Après – au moins – 8 années d’études supérieures, nombreux sont ceux qui restent sur le carreau. Les autres tentent de faire carrière à l’étranger où le doctorat français est encore prisé, y compris dans les entreprises. Favoriser l’emploi de ces jeunes docteurs, notamment dans l’industrie, est bien sur la liste des objectifs des présidentiables, mais pas sûr qu’ils sachent bien par quoi commencer.
« La recherche, vous connaissez ? », interpelle d’ailleurs dans une tribune du même supplément du Monde, Jean-Marc Egly, membre de l’Académie des Sciences. Une question que l’on pourrait se poser au sujet aussi de l’ensemble des citoyens. Si les enjeux de la recherche pour l’ensemble de la société étaient mieux perçus, nul doute que les politiques feraient un effort pour apporter des réponses aux électeurs, comme ils se sont dépêchés de le faire quand ils ont compris le poids de la santé dans le choix des Français.