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Tortures, délation, meurtres...

Homosexuels : la Tchétchénie accusée de construire des camps de concentration

Par Ambre Amias

Selon la presse russe, la Tchétchénie aurait fait construire des camps et y aurait enfermé des homosexuels.

Ramzan Kadyrov / Musa Sadulayev/AP/SIPA

On pourrait croire que l’Homme apprend de ses erreurs les plus atroces. Qu’après l’Holocauste, la notion de camps de concentration appartiendrait définitivement au passé. Mais non. Sa variante, les camps de travail, a perduré tout au long du XXe siècle, et en 2017, c’est au tour des homosexuels d’être mortellement persécutés dans des structures dédiées.

Direction la Tchétchénie. Dans cette République constitutive de la Fédération de Russie, les gays n’ont pas le droit de cité. La communauté homosexuelle fait l’objet d’une ignoble répression, dénoncée par les ONG depuis des années. Mais il y a pire : à en croire des informations qui circulent dans la presse, des dizaines de personnes seraient enfermées dans des camps visant un objectif clair : l’éradication des homosexuels.

Battus à mort

Ce que rapporte le média Novaïa Gazeta fait froid dans le dos. Selon ce bihebdomadaire russe, les autorités tchétchènes ont monté plusieurs camps où des homosexuels seraient emprisonnés, torturés, forcés à dénoncer d'autres homosexuels, contraints de promettre qu'ils quitteront le territoire ou, tout simplement, battus à mort. Le journal se fonde sur les témoignages rassemblés de personnes se présentant comme des évadés de ces camps.

Le président Ramzan Kadyrov, placé au pouvoir par la Russie, est déjà connu pour ses atteintes aux droits fondamentaux des homosexuels. Novaïa Gazeta le dénonce sans cesse et en paye le prix fort : six journalistes ont été assassinés depuis 2000.

L'organisation Amnesty International en Russie a déclaré qu'elle allait demander aux autorités russes de vérifier ces allégations. Mais elle confirme les persécutions quotidiennes des homosexuels en Tchétchénie. « Ils doivent se cacher ou quitter la République. Le problème est que les gens craignent de témoigner car ils mettent leur vie et celles d'autres personnes en danger », a-t-elle déclaré, citée par le Courrier International.

"Pas d'homosexuels en Tchétchénie"

Human Rights Watch, quant à elle, indique que depuis plusieurs semaines, une campagne brutale contre la communauté homosexuelle a lieu en Tchétchénie. Mais personne n'ose rien dire : la population est terrorisée.

Interrogé sur les arrestations d’une centaine d’homosexuels, un porte-parole du président Kadyrov a balayé les accusations, qu’il juge mensongères… avec une argumentation qui laisse pantois. En effet, selon lui, l'existence de ces camps serait absolument impossible puisqu'il n'y aurait pas d'homosexuels en Tchétchénie : si tel était le cas, « leurs parents les auraient déjà envoyés là d’où ils ne reviendraient jamais ». « Vous ne pouvez enfermer et persécuter des personnes qui n'existent simplement pas dans la République », a-t-il encore ajouté, avec une formule qui en dit long sur le cynisme des dirigeants tchétchènes.