Le monde mystérieux des rêves se dévoile. Les neuroscientifiques peuvent désormais déterminer les moments où nous rêvons, deviner de quoi sont faits nos songes et quelles sont les zones cérébrales activées. Cette prouesse a été réalisée par une équipe de recherche internationale. Elle décrit ses travaux dans Nature Neurosciences.
« Cette étude a été réalisée pour identifier les zones du cerveau impliquées dans la formation des rêves, explique le Dr Francesca Siclari de l’université de Lausanne (Suisse), l’une des responsables de ces travaux. Nous avons également été en mesure d’identifier les régions correspondant aux contenus des rêves comme la perception de visage, de lieux ou de discours ».
Les songes naissent à l'arrière de la tête
Pour y parvenir, les chercheurs ont étudié le sommeil de 46 volontaires ayant accepté de passer une nuit à l’Institut du sommeil de l’université de Wisconsin (Etats-Unis). Leur activité cérébrale a été enregistrée grâce à 236 électrodes placées sur leur crâne et leur visage. Et pour savoir si les participants rêvaient, une sonnerie les réveillait au milieu de la nuit.
Les neuroscientifiques ont alors découvert qu’au moment du sommeil paradoxal (le moment privilégié pour rêver) et le sommeil non paradoxal (correspondant au phase d’ endormissent, de sommeil léger et profond), les dormeurs rapportent avoir rêvé. Des songes qui se formeraient à l’arrière du cerveau. Cette zone impliquée dans l'intégration des sens serait la seule à être activée à ce moment là.
Les songes ne sont pas des affabulations
Lors d’une seconde expérience, les volontaires ont été invités à décrire leurs rêves. Les scientifiques ont alors observé que selon le contenu des rêves, des zones cérébrales spécifiques s’activaient. Par exemple, si un rêve est composé d’un homme faisant un discours, alors la région cérébrale associé à la compréhension de la parole est activée. De même, si le rêveur réussit à voir très nettement les visages des personnages, les régions associées à la vue seront mobilisées. « Cela suggère que les rêves recrutent les mêmes régions cérébrales que dans la vie réelle. Cela indique également que ces expériences se déroulent vraiment lors de ces période de veille, et que ce ne sont pas des affabulations que nous racontons à notre réveil », relève le Pr Siclari.
Grâce à toutes ces informations collectées, les chercheurs ont été mesure de savoir quand les volontaires rêvaient. Cette prédiction a été correcte dans 92 % des cas en cas de songes, et dans 81 % des cas en cas d’un sommeil sans rêve. « C’est la première fois que des chercheurs réussissent à montrer l’absence ou la présence de songes en fonction d’un électroencéphalogramme », s’enthousiasme la neuroscientifique suisse. Un saut dans l'inconscient qui permet de mieux comprendre ce qui se passe une fois que l'on a les yeux fermés.