ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Moi ministre de la Santé : "J’élargirais les indications de l’aide médicale à la procréation"

Dr Joëlle Belaisch-Allart

Moi ministre de la Santé : "J’élargirais les indications de l’aide médicale à la procréation"

Par La rédaction

A une semaine du 1er tour de la présidentielle, 5 personnalités se projettent en tant que ministre de la Santé. Le Dr Joëlle Belaisch-Allart entame cette série sur le thème de l’aide médical à la procréation(AMP).

Capture d'écran vidéo Youtube - Centre Hospitalier des Quatre villes

Dans quelques semaines, le portefeuille de la Santé et des Affaires sociales quittera les mains de Marisol Touraine. Si Emmanuel Macron a d’ores et déjà annoncé qu’il nommerait un médecin au ministère de la Santé, les autres candidats à la présidentielle 2017 n’ont pas encore donné d’indice. Mais qu’il soit professionnel de santé ou issu de l’élite politique, l’heureux élu héritera d’un ministère compliqué à gérer.

Au cours de ces 5 dernières années, le bras de fer n’a jamais cessé entre le ministère de la Santé et les syndicats de médecins, notamment autour du tiers payant généralisé décrié par une large majorité de la profession. Le malaise des soignants a également été l’un des gros dossiers de la ministre.

Le prochain locataire de l’avenue de Duquesne sera aussi attendu sur des questions plus sociales comme l’accès à l’assistance médicale à la procréation (AMP) pour les couples de femmes homosexuelles, l’euthanasie ou encore la légalisation du cannabis. Autant de débats auxquels les associations souhaitent participer et faire entendre leur voix.

Face à ces enjeux, la rédaction de Pourquoidocteur a proposé à différentes personnalités du monde de la santé et associatif de livrer leur programme pour le prochain quinquennat.

Le Dr Joëlle Belaisch-Allart est spécialiste des traitements de l’infertilité et la procréation médicalement assisté. Chef du centre d’AMP du centre Hospitalier des 4 villes (Hauts-de-Seine), elle aussi la vice-présidente du Collège national des gynécologues obstétriciens. Elle se prononce en faveur de la congélation des ovocytes pour toutes les femmes et l’accès à l'AMP pour les couples de même sexe depuis des années.

 

 « En France d’après les lois de bioéthique, l’assistance médicale à la procréation (AMP ) est réservée à des couples formés d’un homme et d’une femme, vivants, en âge de procréer et présentant une infertilité médicalement constatée. Conséquences : nombreuses sont les françaises souhaitant un enfant qui doivent aller à l’étranger. Au-delà de nos frontières, sont autorisés la préservation de la fertilité par conservation ovocytaire, le dépistage pré-implantatoire de la trisomie 21, la prise en charge des femmes homosexuelles, la prise en charge par GPA encadrée des femmes sans utérus ; celles qui peuvent payent le font, les autres…

Moi ministre de la Santé, je reconnaitrais le caractère inéluctable de la chute de la fertilité avec l’âge et j’autoriserais l’autoconservation dite, à tort, « sociétale », pour préserver la fertilité des femmes qui n’ont pas la chance de pouvoir réaliser leur désir d’enfant au moment où leur fertilité est maximale. 
Le plus souvent par manque de conjoint et non pour faire carrière comme le montrent toutes les enquête ! L’autoconservation ovocytaire n’est sans doute pas la panacée universelle, il serait préférable (mais est-ce encore possible ?) d’aider les femmes à faire leurs enfants plus tôt. Les grossesses tardives restent des grossesses à haut risque, et il faudra fixer une limite pour la pratique de la FIV sur ces ovocytes. Mais quelle raison peut-il persister en 2017 de refuser aux femmes ce droit ?

Moi ministre de la Santé, j’élargirais les indications de l’AMP tout en respectant la clause de conscience des médecins opposés. Pourquoi un couple de femmes peut-il avoir recours à l’ AMP en Belgique et non en France ? Pourquoi une femme née sans utérus peut-elle bénéficier d’un prêt d’utérus en Angleterre et non en France ? Que valent des lois qui ne sont valables que d’un coté de la frontière ? Elles sont sans fondement scientifique, ne reposent que sur des croyances et à l’ère des moyens de communications modernes elles ne pourront pas perdurer. L’éthique doit être universelle ou ne pas être. »