Il avait été élevé au rang de Chevalier de la Légion d’honneur en France, d’Officier de l’Ordre du Canada, et gratifié d’une multitude d’autres récompenses scientifiques et nationales tout au long de sa carrière. Le Professeur Mark Wainberg, de l’université McGill (Canada), président de la Société internationale sur le Sida (IAS) entre 1998 et 2000, était l’une des figures majeures de la lutte contre le VIH. Il est décédé le 11 avril, lors d’une baignade en Floride, visiblement au cours d’une crise d’asthme aiguë. Il avait 71 ans.
Trois ans après le crash du vol de la Malaysia Airlines MH-17 en Ukraine, qui avait emporté plusieurs noms de la recherche contre le sida, et en particulier Joseph Lange, c’est un nouveau coup dur pour la communauté scientifique.
Des hommages unanimes
Les hommages affluent pour saluer la disparition du Pr Wainberg. « Ce scientifique de renommée internationale était un chercheur de pointe sur le sida, dès le début de l’épidémie », a salué Onusida, le programme des nations unies dédié à la lutte contre le VIH, dans un communiqué. Le chercheur avait en effet été, avec son équipe, à l’origine de l’identification de la lamivudine (ou 3TC) comme antirétroviral, l’un des principaux traitements contre le VIH.
« Mark Wainberg était un géant dans la science du sida, son travail a sauvé des millions de vies », a déclaré Michel Sidibé, directeur exécutif d’Onusida. De son côté, l’IAS regrette la perte d’un « leader, mentor et ami proche de notre équipe et de notre communauté ». « Nous avons perdu l’un des plus déterminés », a déclaré sa présidente, Linda Gail Bekker.
Un engagement politique
Outre son engagement scientifique, le Pr Wainberg s’est impliqué dans la lutte politique, et pour les droits des malades dès le début des années 1980. Il reconnaissait volontiers être lui-même un activiste : « il nous incombe à tous d’être des activistes du sida », avait-il déclaré en 2000 au McGill Reporter.
En 2000, lors de la conférence organisée par l’IAS à Durban, il avait notamment critiqué le président sud-africain Thabo Mbeki pour son manque d’implication dans la lutte contre le sida, et contre les fausses vérités scientifiques qui détournent les patients des traitements, faisant plusieurs centaines de milliers de morts par an. À cette époque, des voix qui se faisaient entendre prétendaient que ce n'était pas le VIH qui causait le sida, mais les médicaments. Le Pr Wainberg avait notamment proposé de sanctionner pénalement toute personne niant publiquement les dangers du VIH.