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Don d'organes : l'Espagne détient le record mondial

Par Anne-Laure Lebrun

Avec 40 donneurs par million d'habitant, l'Espagne est champion du monde du don d'organe. Un succès lié à une organisation unique et un taux de refus très bas. 

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L’Espagne fait figure de modèle en matière de don d’organe. Pour la 24ème année consécutive, notre voisin européen est champion du monde du prélèvement et de la transplantation. Un succès lié, en partie, aux équipes médicales dédiées exclusivement à l’identification des donneurs potentiels, assure l’organisation espagnole de transplantation dans un article paru dans American Journal of Transplantation.

En 2015 en Espagne, 4 769 organes ont été prélevés chez 1 851 donneurs. La même année en France, 1 769 personnes décédées ont été prélevées, permettant de greffer 5 746 organes. En comparant simplement ces chiffres, notre pays semble faire beaucoup mieux. Or lorsque l’on rapporte ces données à la population, la suprématie de l’Espagne est indéniable : ce pays compte 40 donneurs par million d’habitants contre 27,4 par million de personnes en France.

Comme dans la plupart des pays européens, dont la France, la loi adoptée en Espagne en 1979 a instauré le consentement présumé. Autrement dit, si de son vivant la personne décédée n’a pas fait part de son refus, elle est considérée comme donneuse. Mais la grande différence avec notre pays est que l’Espagne ne tient pas de registre de refus. Les familles sont donc systématiquement consultées pour connaître l’avis du défunt.
Les autorités ont donc fait le pari que chaque citoyen se sentira concerné et confiera sa position à ses proches. Et ça marche : l’Espagne a un taux refus avoisinant les 15 % alors qu’il atteint 30 % en France. L’information, la communication, la pédagogie ont été les mots d’ordre des autorités espagnoles surtout au cours de ces 25 dernières années. Pour diminuer cette opposition, le consentement présumé a été renforcé en France avec de nouvelles modalités du refus mises en place


Des équipes dédiées

Le succès du don d’organe en Espagne est aussi lié à l’organisation du système de prélèvement et de transplantation en professionnalisant les équipes. Au sein des hôpitaux espagnols, des personnels soignants se consacrent à plein temps à la recherche d’organes et l’organisation des greffes. Et l’identification des donneurs potentiels ne s’arrête pas aux services de réanimation, les équipes dialoguent aussi avec les services d’urgence et d’autres structures d’hospitalisation, expliquent les auteurs.

« Le succès le plus important ce notre système est que le don d’organe est systématiquement évoqué lorsqu’un patient décède, et ce indépendamment des circonstances du décès, explique Beatriz Dominguez-Gil, co-auteur de l’étude. Les professionnels qui s’occupent de ces patients en fin de vie considèrent qu’il est de leur devoir de poser la question du don d’organe ».


Des sources de greffons plus importantes

En outre, les critères de prélèvements en Espagne sont plus larges que dans certains pays, notamment en ce qui concerne l’âge : plus de 10 % des donneurs ont plus de 80 ans. En France, en 2015, près de 40 % des donneurs ont plus de 65 ans.

Leur source de greffons sont aussi une clé de leur succès. Le nombre de donneurs décédés d’un arrêt cardiaque, subitement ou après l'arrêt des soins palliatifs, représente 10 % des dons. En France, seulement 40 donneurs morts d’un arrêt cardiaque ont fait l’objet d’un prélèvement d’organe. En cause : la France a eu du mal à lancer des protocoles de prélèvement chez des patients décédés des suites de l’arrêt des traitements. Une étude pilote - Maastricht III- pour évaluer cette pratique s’est terminée en décembre 2015.