L'INCa et l'Agence de la biomédecine publient en ce mardi 19 février leur rapport d'étude sur la préservation de la fertilité et les traitements des cancers chez l'enfant, l'adolescent et le jeune adulte. Un rapport qui s'appuie sur le constat que l'information sur les risques d'infertilité ultérieure et les stratégies disponibles de préservation de la fertilité ne sont pas systématiquement délivrées. Pourtant, des progrès dans la survie après un cancer permettent désormais aux jeunes malades d'envisager plus tard la réalisation d'un projet parental. Cette première étude dresse un état des lieux des connaissances et des pratiques, que les professionnels de santé doivent s'approprier. Malgré des actions positives, une grande disparité subsisterait dans la prise en charge des patients.
Selon la Fédération des centres d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains (Cecos), le nombre d’hommes ayant pu bénéficier d’une conservation de spermatozoïdes a été multiplié par 4 entre 1990 et 2000 et notamment ces dernières années grâce aux moyens alloués par le Plan cancer aux établissements. Les indications seraient multiples, mais les plus fréquentes resteraient le cancer du testicule et la maladie de Hodgkin.
La conservation du tissu testiculaire, elle, est réservée à l’enfant et aux cas d’impossibilité de recueil de spermatozoïdes. Du côté des filles et des jeunes femmes, les conservations de tissus ovariens augmentent progressivement. Selon les professionnels de l’association GRECOT (1), 23 centres pratiqueraient des conservations de fragments ovariens. Au 31 décembre 2010, ce sont 1 296 filles, adolescentes ou jeunes femmes, exposées au risque de développer une infertilité suite à leur prise en charge médicale, qui disposaient de tissus ovariens conservés.
Malgré ces actions, ce rapport révèle également qu'une grande disparité subsiste toujours dans la prise en charge des patients. En effet, la prise en compte des risques d’infertilité auxquels sont exposés ces patients est insuffisante alors qu’elle devrait être systématique. Et, la révélation de l’infertilité se fait encore trop souvent au moment où ces personnes souhaitent concevoir.
Les professionnels de santé sont directement visés. La mauvaise information des patients serait générale. Pour preuve, selon les différentes enquêtes publiées, la moitié des patients n’aurait pas intégré la notion de préservation de la fertilité au moment de signer le consentement aux traitements de leur cancer alors même que le risque de stérilité est mentionné sur ces consentements.
Plus surprenant encore, les disparités selon le sexe. 80 % des patients de sexe masculin seraient informés de l’impact de la chimiothérapie sur la fertilité ultérieure contre 48 % des patientes. Concernant la préservation de la fertilité, 68 % des hommes auraient reçu une information sur les possibilités techniques contre seulement 2 % des patientes.
Mais l'INCa et l'Agence appellent toutefois à rester prundents car ces résultats portent sur des perceptions et des ressentis. Enfin et plus inquiétant, les cancérologues maîtriseraient mal les options de préservation et de restauration de la fertilité ainsi que leurs chances de succès, qu’elles fassent appel aux techniques modernes de l’AMP ou à l’autogreffe de tissu ovarien. La connaissance insuffisante des progrès offerts par cette discipline médicale très différente de l’oncologie entraînerait souvent chez les cancérologues un malaise à aborder ce sujet.
(1) Groupe de recherche et d’étude sur la cryoconservation de l’ovaire et du testicule),