Dans un rapport conjoint, l'Agence de biomédecine et l'Institut national du cancer insistent sur les disparités d'information concernant les traitements qui peuvent induire une stérilité. Cette faiblesse est d'autant plus préjudiciable que les techniques de préservation de la fertilité se développent.
La radiothérapie est utilisée dans de nombreuses tumeurs de l’enfant (hémopathies, lymphomes, néphroblastomes, neuroblastomes, médulloblastomes, épendymomes, sarcome d’Ewing, tumeurs des parties molles). Chez l’adulte, elle tient une place particulière dans les tumeurs gynécologiques. Les effets sur la fertilité dépendent du site d’irradiation, de la dose totale délivrée, de la dose par fraction et de l’âge au moment du traitement.
Même situé en dehors du champ d’irradiation, un organe sexuel peut recevoir une certaine dose par rayonnement diffusé. Cette dose décroit avec la distance, et est minimisée actuellement avec les nouveaux accélérateurs linéaires. Des effets délétères sur la gamétogenèse ont été rapportés en cas de traitement par Iode 131 dans les pathologies thyroïdiennes. Ces effets sont en général transitoires pour les faibles doses et augmentent avec le cumul des doses. Au-delà d’une dose de 800mCi, le risque d’infertilité permanente est de l’ordre de 60 % chez la femme et 90 % chez l’homme.
La chimiothérapie et l'hormonothérapie. Compte tenu de la grande diversité des traitements antimitotiques, il n’est pas possible d’avoir une vision précise de leurs effets sur la reproduction. Il faut se contenter de données le plus souvent globales tirées de l’expérience clinique. De cette expérience, quelques points de repère peuvent actuellement être dégagés. Chez la femme, les effets gonadotoxiques sont fortement dépendants de l’âge. Plus la patiente est âgée, plus la dose cumulée du médicament cytotoxique induisant une aménorrhée définitive diminue, et moins la récupération de la fonction gonadique est possible.
Chez la jeune fille pubère ou l’adulte jeune, l’aménorrhée n’est pas rare pendant la chimiothérapie, mais une restauration des cycles à l’arrêt du traitement reste possible. Dans ces cas, l’apparition précoce d’une insuffisance ovarienne n’est pas exclue. La réapparition des règles après la fin de la chimiothérapie ne garantit donc pas un retour des fonctions de reproduction à un niveau identique à celui d’une population non traitée du même âge. Ces jeunes femmes sont donc encouragées à envisager une grossesse dans les délais les meilleurs après la fin de leur traitement. En revanche, le risque d’insuffisance ovarienne précoce est élevé chez les patientes de 35 ans et plus, qu’elles aient reçu un alkylant ou non.
La chirurgie peut également compromettre la fertilité lorsqu’elle touche les organes génitaux: orchidectomie, ovariectomie, même unilatérale ou partielle, hystérectomie, prostatectomie. Les tumeurs ovariennes de l’enfant sont habituellement d’origine stromale ou germinale. Elles se comportent différemment des tumeurs de l’adulte. Des chirurgies conservatrices peuvent exceptionnellement être proposées. L’acte chirurgical nécessaire pour traiter le cancer peut entraîner une lésion définitive du tractus génital. Chez la femme, c’est le cas de certaines interventions sur le col utérin (conisations ou amputations du col), de salpingectomies ou d’hystérectomies. Chez l’homme, les curages ganglionnaires rétropéritonéaux ainsi que les actes chirurgicaux portant sur le col vésical, la vessie ou la prostate, voire le rectum, peuvent être à l’origine de troubles de l’éjaculation ou de l’érection.
Source: Agence de biomédecine et l'Institut national du cancer