Le débat est relancé : la pilule peut-elle, doit-elle, être délivrée sans ordonnance ? « Oui », « non », « oui mais », « peut-être » : ce n’est pas la première fois que la question est posée mais jusqu’ici la France a préféré laisser les contraceptifs oraux hormonaux sur la liste des médicaments nécessitant une prescription médicale.
Erreur, selon un collectif de pharmaciens, soutenu par le Planning Familial. Ils ont publié ce mardi une lettre ouverte, assortie d’une pétition en ligne. Sur Twitter, le mouvement est officiellement baptisé Libérez ma pilule. La libérer pourquoi pas, mais dans quel but ?
Que celle qui ne s’est jamais retrouvée en week-end à l’autre bout de la France avec sa pilule restée dans sa salle de bain, jette la première pierre à cette initiative, soutenue par plusieurs signataires qui se définissent comme « féministe ». Mais attention, ne nous méprenons pas, cette pétition n’a pas pour but de simplifier la vie de celles qui se retrouveraient pour une raison ou pour une autre à court de pilule.
L’objectif est avant tout d’améliorer l’accès à la contraception dans le pays. 22 000 officines, c’est 22 000 points d’accès à la pilule répartis sur le territoire, peut-on lire sur le fil Twitter consacré au sujet. Mais c’est aussi un moyen de ne plus aliéner l’obtention de la pilule à une consultation gynécologique, contre laquelle de plus en plus de voix s’élèvent. De plus en plus de femmes témoignent de visites chez le gynécologue où des gestes non recommandées par les autorités sanitaires sont pratiqués. Non, la délivrance d’une pilule contraceptive ne nécessite pas de toucher vaginal, par exemple.
La contraception d’urgence est bien disponible en pharmacie et sans ordonnance, pourquoi la contraception « tout court » ne le serait-elle pas ? Peut-être à cause des risques d’effets secondaires ? De contre-indications ? La crise des pilule de 2012 a fait prendre conscience à bon nombre d’utilisatrices de longue date, que le comprimé gobé tous les jours n’était pas une pastille Valda, et que des risques – souvent pas ou mal expliqués – y étaient associés. Depuis les Françaises ont d’ailleurs diversifié leur contraception et la sacro sainte pilule a du plomb dans l’aile.
https://www.change.org/p/pour-une-pilule-contraceptive-sans-ordonnance
Sur ce point, le collectif se veut rassurant : la France ne serait pas la première à franchir le pas, et il n’y a pas plus d’accidents liés à la pilule relevés dans les Etats qui permettent une délivrance sans prescription. « (…) les femmes auraient une approche plus prudente que les prescripteurs eux-mêmes sur les contre-indications et elles rapportent plus facilement aux professionnels de santé les risques de contre-indication quand la pilule est sans ordonnance », souligne le collectif.
Par ailleurs, les auteurs de cette lettre ouverte, assurent que des études ont prouvé qu’un questionnaire administré par le pharmacien avant la délivrance était efficace pour limiter les risques. Et surtout ce n’est pas « la pilule », c’est à dire toutes les pilules qui pourraient être mise à disposition en pharmacie mais une pilule, la pilule progestative. C’est celle qui présente le moins de contre-indications et est la moins chère, moins de 3 euros les 3 plaquettes sous sa forme génériquée.
Et pour libérer la pilule, le collectif en appellent… aux laboratoires pharmaceutiques, à qui il est demandé de déposer une demande d’autorisation de mise sur le marché pour une pilule progestative sans ordonnance. Dans le même temps, il est demandé aux agences du médicament française et européenne, « d’accueillir avec bienveillance cette demande ». La date butoir fixée par le collectif a été fixée au 8 mars 2018.