Les troubles bipolaires sévissent en France et plus particulièrement dans le Sud Ouest. Le dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) se penche sur cette pathologie mentale et fournit, pour la première fois, des données précises sur sa prévalence à l’échelle nationale. Ainsi, chaque année dans l’Hexagone, entre 80 000 et 95 000 personnes sont prises en charge pour des troubles bipolaires (TB), selon ces chiffres fournis par Santé Publique France.
Anciennement désigné sous le terme de psychose maniaco-dépressive, le TB est une pathologie chronique qui se déclare, souvent, de manière précoce chez l’adolescent ou le jeune adulte, et qui nécessite une prise en charge à vie. Il est caractérisé par des variations anormales de l’humeur, avec des phases dépressives et des phases maniaques ou hypomaniaques, entrecoupées de périodes de stabilité.
Plus fréquent chez les femmes
Les données montrent que ce trouble a tendance à se développer plus fréquemment chez les femmes que chez les hommes (160 à 190 femmes pour 100 000 et de 105 à 120 hommes pour 100 000), mais que la prise en charge augmente globalement chez les deux (+2,6 % par an chez les hommes, 3,4 % par an chez les femmes).
La prise en charge pour TB en psychiatrie était relativement rare avant l’âge de 15 ans et concernait autant les garçons que les filles, précise les auteurs. À partir de 15 ans et jusqu’à un âge avancé, les femmes étaient entre 1,2 et 1,8 fois plus souvent prises en charge pour TB que les hommes.
"Gradient" régional
Des disparités régionales existent, selon ces données. Ainsi, les taux de patients pris en charge pour TB variaient chez les hommes de 81 pour 100 000 en Hauts-de-France à 162 pour 100 000 en Occitanie. Chez les femmes, les taux allaient de 122 pour 100 000 en Hauts-de-France à 275 pour 100 000 en Nouvelle-Aquitaine.
« Chez les hommes comme chez les femmes, on observe un gradient Nord-Est / Sud-Ouest, avec des taux supérieurs de 20 % au taux national dans les deux régions du Sud-Ouest », explique l’agence.
Source : BEH
Un meilleur repérage ?
Toutefois, ces disparités ne peuvent être entièrement attribuées à des variations de prévalence selon les régions, précise Santé Publique France. « Elles peuvent être aussi dues à une différence dans l’offre de soins et dans la prise en charge de ces troubles par des établissements de santé ». Ainsi, le Sud Ouest fait peut être preuve d’une plus grande efficacité dans le dépistage et la prise en charge de ces troubles, ce qui expliquerait ces taux plus élevés.
Quoiqu’il en soit, sur l’ensemble du territoire, les troubles de l’humeur (troubles bipolaires et troubles dépressifs) représentent un réel fardeau en termes de santé publique. Par conséquent, « il est nécessaire de poursuivre et de consolider leur surveillance épidémiologique à partir de l’exploitation des données de prise en charge », insiste Santé publique France, qui appelle à des « actions de détection et de prise en charge précoce des troubles de l’humeur (…) afin d’éviter la chronicisation des troubles et le passage à l’acte suicidaire ».