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Sécurité routière

Drogues : les nouveaux tests salivaires arrivent

Par Marion Guérin

Les nouveaux tests de dépistage des drogues seront livrés d’ici peu dans les commissariats. Les contrôles seront renforcés et la procédure, simplifiée.

SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA

D’ici « quelques semaines », les commissariats de police et les brigades de gendarmerie recevront les nouveaux tests de dépistage des drogues. Dans les colonnes du Parisien, un « haut responsable de la sécurité routière » vient ainsi de confirmer la livraison imminente de ces kits, qui permettent de détecter la présence de substances illicites (cannabis, cocaïne, MDMA, opiacés) dans la salive des conducteurs.

Cela fait un certain temps que les forces de l’ordre attendaient ces nouveaux dispositifs, et la procédure modifiée qui les accompagnent. En effet, jusqu’ici, les tests salivaires, peu fiables, devaient être confirmés par un test sanguin. Une démarche chronophage et quelque peu compliquée, notamment si l’interpellation survient en pleine nuit sur une route de campagne.

Deux tests salivaires

Les nouveaux tests salivaires, selon les autorités, ont une fiabilité telle qu’ils pourront se substituer à un contrôle sanguin. Désormais, une personne interpellée pourra se voir imposer deux tests salivaires : le premier pour déterminer la présence d’une substance et le second (le nouveau) pour affiner les résultats du premier (quantité, type de drogue…). De fait, une expérimentation menée dans 11 départements a déjà confirmé la faisabilité de cette procédure, et sa fiabilité.

Pour les conducteurs, il faudra d’autant plus redoubler d’attention que les contrôles pourront avoir lieu de manière inopinée, sans cause préalable, en l’absence de toute infraction. Or, les policiers ont fait part à plusieurs reprises de leur volonté de démultiplier le dépistage des drogues au volant, alors qu’un 23 % des personnes décédées sur les routes en 2015 ont été tuées dans un accident impliquant un conducteur sous l'emprise de stupéfiants.

Risque de stigmatisation ?

Une question émerge toutefois quant au risque de stigmatisation et de sur-sanction des conducteurs. En effet, ces tests salivaires sont capables de détecter une consommation de cannabis qui remonte à plus de 12 heures… alors même que le consommateur n’est plus vraiment sous l’emprise du produit.

Mais comme nous l’expliquait en septembre le psychiatre addictologue Jean-Michel Delile, « l’effet du cannabis est beaucoup plus durable que celui de l’alcool, y compris pour des petites consommations. En termes d’altération cognitive et de réactivité, les études psycho-comportementales montrent qu’il existe des effets, même sept heures après la prise ». Et ce, même si le conducteur ne se sent pas « défoncé ».

Les consommateurs réguliers de cannabis doivent donc avoir à l’esprit qu’ils auront de grandes chances d’être testés positifs, même s’ils n’ont pas fumé de la journée. Ce qui peut leur sembler injuste, mais qui, peut-être, fait office de mal pour un bien.

« Pour l’alcool, cette approche a vraiment permis d’obtenir des résultats positifs, nous avait encore souligné Jean-Michel Delile. Les usagers de cannabis ne sont pas des marginaux ! Je vois des travailleurs qui réalisent l’ampleur des risques qu’ils prennent, notamment pour les fonctionnaires, s’ils se font coincer lors d’un contrôle routier. Du coup, certains veulent arrêter pour cette raison. Vu sous cet angle, donc, cette évolution du dépistage routier peut être une bonne manière de mobiliser les consommateurs ». A condition, en effet, que les textes ne servent pas la cause du tout-répressif, mais ne visent qu’à limiter les accidents de la route liés aux stupéfiants et à responsabiliser les populations.