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Signal envoyé au cerveau

Rétine : un groupe de cellules impliqué dans le décalage horaire

Par Audrey Vaugrente

Un groupe de cellules de la rétine est responsable du jet lag. Elles signalent les variations de lumière au cerveau, ce qui perturbe les rythmes circadiens.

Sophie/Flickr

C'est presque une tradition. A chaque voyage long courrier, les amis s’échangent leurs astuces contre le jet lag. Dormir ou non ? Pour ou contre le café ? Les avis sont variés. Pour le moment, aucun ne se distingue par son efficacité aux yeux de la science. Mais une piste thérapeutique s’esquisse pour les grands voyageurs. Des chercheurs écossais ont identifié un groupe de cellules impliquées dans le décalage horaire. Il se situe sur la rétine, expliquent-ils dans le Journal of Physiology.

Ces travaux sont loin d’être anecdotiques. Car si le jet lag est principalement associé aux voyageurs, il touche aussi certains travailleurs. Faire les trois-huit ou travailler deux nuits provoque également un décalage horaire lourd de conséquences pour la santé. Y trouver une solution pharmacologique pourrait donc s’avérer salvateur pour la santé de ces professionnels.

Un échange permanent

La solution pourrait venir de l’université d’Edimbourg (Royaume-Uni). A travers une série de tests physiologiques sur des rats, ses chercheurs ont pu montrer que certaines cellules de la rétine agissent directement sur l’horloge biologique. Elles envoient des signaux en direction du noyau suprachiasmatique. Cette zone du cerveau est chargée de coordonner les rythmes circadiens à l’aide de plusieurs molécules de signalisation.

La vasopressine, parmi ces molécules, a retenu l’attention des Ecossais. Et pour cause : une population de cellules spécifiques à la rétine l’exprime pour communiquer directement avec le cerveau. Ainsi, la rétine est impliquée dans le décalage horaire en signalant les variations de lumière. Elle participe donc à la régulation des rythmes circadiens… et à leur dérèglement.

La solution vient des yeux

De fait, l’horloge biologique est très sensible aux modifications environnementales. Régulée par les variations jour/nuit, elle permet le fonctionnement de nombreux processus physiologiques – dont l’activité cérébrale, la production d’hormones ou encore la température corporelle. Un mauvais réglage favorise l’émergence de maladies cardiovasculaires, métaboliques ou encore de certains cancers.

Grâce à cette découverte, une piste de traitement émerge. En agissant sur les cellules qui témoignent des variations lumineuses, il serait possible d’interférer avec le processus de décalage horaire. « Les études à venir, qui cibleront la vasopressine à travers l’œil, pourront aboutir au développement de gouttes pour les yeux qui lutteront contre le décalage horaire, s’avance Mike Ludwig, co-auteur de l’étude. Mais nous en sommes encore loin », reconnaît-il. En attendant, nul doute que les voyageurs continuent de comparer leurs solutions.