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Médecins et associations

Allergie : un livre blanc pour interpeller les candidats

Par Anne-Laure Lebrun

Alors que le nombre de personnes souffrant d'allergie explose, des experts et des associations interpellent les candidats à la présidentielle.

weyo/epictura

Eternuements, yeux bouffis, gorge qui gratte… Dès l’arrivée du printemps, des millions de Français sont touchés par les allergies respiratoires. Alors que dans les années 1960, à peine 4 % de la population se plaignait du rhume des foins, au moins un tiers des Français se disent aujourd’hui allergiques.
Une explosion du nombre de cas qui inquiète les allergologues et pneumologues. Alors pour enrayer ce phénomène, professionnels et associations de patients interpellent les politiques dans un Livre Blanc.

« L’incidence est en forte augmentation, mais ce qui est plus préoccupant encore, c’est la sévérité accrue des affections. L’allergie, ce n’est plus le simple rhume des foins », a rappelé le Pr Jocelyne Just, présidente de la Société française d’allergologie et chef de service à l’hôpital Trousseau (AP-HP) lors d’une conférence de presse. 
En effet, selon les études épidémiologiques, les formes graves d’allergies, et potentiellement mortelles, ont été multipliées par 4 ou 5 ces 30 dernières années.
Des allergies qui sont de plus en plus difficiles à soigner et requièrent des traitements de plus en plus sophistiqués. Pourtant, traitée précocement cette maladie peut très bien être contrôlée.

Pour les professionnels, l’aggravation de ces pathologies tient d’abord au manque de formation des médecins lors de leurs études. Les malades peuvent parfois connaître 7 ans d’errance thérapeutique avant d’être correctement diagnostiqué, relève depuis plusieurs années l’association de patients Asthme & Allergies.
En mars dernier à l’occasion de la Journée mondiale des allergies, elle rappelait que 30 % des rhinites allergiques non traitées évoluaient en asthme dans les 10 ans.


Impact du réchauffement climatique

Les changements climatiques et la pollution sont aussi les grands responsables. Le réchauffement a en effet pour conséquence un allongement des périodes de pollinisation et donc une augmentation de la quantité de pollen produit. Des études ont également montré qu’une hausse des températures et de la concentration de dioxyde de carbone (CO2) rend certains pollens plus allergisants.

De son côté, la pollution, et notamment l’ozone et les particules, est suspectée d’accentuer l’irritation des muqueuses nasales et oculaires favorisant des réactions allergiques à des taux d’allergènes faibles. Il est aussi montré que les polluants atmosphériques déforment la forme des grains de pollens, ce qui accroît leurs propriétés allergisantes.

Pas de vraie politique d'ampleur

Dans ce Livre Blanc adressé à tous les candidats à la présidentielle, les experts regrettent l’absence de politique d’ampleur sur le sujet. Ils ont ainsi alerté sur les menaces de déremboursement pesant sur les traitements par désensibilisation. Les seuls considérés vraiment efficaces car ils évitent que la maladie allergique s’aggrave.

Pour répondre au défi posé par les allergies, la Fédération française d’allergologie réclame la structuration du parcours de soins et la garantie d’un accès aux soins partout sur le territoire.
Pour y arriver, ils proposent la création de centres experts ainsi que l’augmentation du nombre d’allergologues formés chaque année. La demande va continuer à augmenter. L’OMS estime qu’à l’horizon 2050, la moitié de la population mondiale sera atteinte d’allergie.