L’hépatite, ce « défi sanitaire majeur ». Dans son rapport mondial 2017, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sonne l’alarme. Les nouvelles données fournies par l’agence onusienne révèlent que sur la planète, 325 millions de personnes vivent avec une infection chronique par le virus de l’hépatite B (VHB) ou de l’hépatite C (VHC).
Mais surtout, la très grande majorité de ces patients n’ont pas accès aux dépistages et aux traitements qui pourraient leur sauver la vie. Le rapport relève que seulement 9 % des infections à VHB et 20 % des infections à VHC ont été diagnostiquées en 2015… Quant aux nombres de personnes traitées, ce n’est guère mieux : 8 % des patients VHB et 7 % des patients VHC ont reçu un traitement curatif cette année là.
Trop de morts évitables
Conséquence logique : « des millions de personnes sont confrontées au risque d’évolution lente vers une maladie chronique du foie, le cancer et la mort », déplore l’OMS.
Ainsi, en 2015, l’hépatite a provoqué la mort de 1,34 million de personnes, un chiffre comparable aux décès imputables à la tuberculose et au VIH. Mais alors que la mortalité liée à ces deux maladies baisse, celle due à l’hépatite augmente tristement.
Couverture vaccinale en hausse
Malgré ce sombre tableau, des progrès notables ont été enregistrés, notamment sur l’hépatite B, rappelle l’OMS. En effet, le nombre des nouvelles infections a diminué, grâce à une progression de la couverture de la vaccination chez les enfants. « Dans le monde, 84 % des enfants nés en 2015 ont eu les trois doses recommandées du vaccin contre l’hépatite B », précise le rapport.
Ainsi, entre l’époque précédant la vaccination (des années 1980 aux années 2000, selon les pays) et 2015, la proportion d’enfants de moins de cinq ans ayant contracté une nouvelle infection a été ramenée de 4,7 % à 1,3 %.
« On estime cependant qu’en 2015, il y avait 257 millions de personnes, pour la plupart des adultes nés avant l’introduction du vaccin contre l’hépatite B, qui vivaient avec une infection chronique par le VHB », peut-on lire dans le rapport. Les niveaux d’hépatite B varient significativement selon les régions, le fardeau le plus lourd étant porté par l’Afrique et le Pacifique occidental. Contre l’hépatite C, il n’existe en revanche aucun vaccin.
L'hépatite B dans le monde, 2012 - Source : CDC
Objectifs ambitieux
La stratégie mondiale du secteur de la santé contre l’hépatite virale, élaborée par l’OMS, vise à dépister 90 % et à traiter. 80 % des personnes ayant le VHB et le VHC d’ici 2030. L’infection à VHB nécessite un traitement à vie et l’OMS recommande actuellement le ténofovir, un médicament couramment utilisé pour le traitement du VIH. On peut guérir l’hépatite C au moyen d’un traitement relativement bref avec des antiviraux à action directe (AAD).
« Nous en sommes à un stade précoce de la riposte à l’hépatite virale, mais la voie à suivre semble prometteuse. Davantage de pays mettent les services contre l’hépatite à la disposition de ceux qui en ont besoin ; un test de diagnostic coûte moins de 1 dollar (US $) et le traitement curatif de l’hépatite C peut revenir à moins de 200 dollars (US $). Mais les données mettent clairement en évidence l’urgence avec laquelle nous devons combler les lacunes en matière de dépistage et de traitement », conclut l’agence.