L’audition serait-elle le parent pauvre de la prévention ? Au vu des résultats d’un sondage réalisé par Ipsos pour Audika (1), il semblerait en effet que les parents aient davantage le réflexe de faire surveiller les dents et la vue de leurs enfants, plutôt que leur audition. Pas moins de 28% des parents interrogés déclarent que leur enfant n’a fait l’objet d’aucun diagnostic auditif entre 0 et 11 ans. Et 84% d’entre eux n’ont absolument pas prévu de faire réaliser des tests à leurs enfants.
Cette négligence serait d’abord due à une méconnaissance des premiers symptômes : 36% des parents interrogés disent ne pas savoir les reconnaître. Il faut dire que les signes d’appel ne sont pas très faciles à repérer. Entre 2 et 3 ans par exemple, il faut être attentif à des retards de langage ou encore à des troubles du comportement, qui peuvent se manifester aussi bien par de l’agitation que par une forme de repli sur soi. Mais, les parents ont aussi tendance à attendre le dernier moment pour se préoccuper de l’audition de leurs enfants.
Ecoutez Alain Tonnard, PDG d'Audika : "Les parents ont conscience des risques mais ils ne passent pas à l'acte parce que l'on n'a pas notion de la perte de l'audition".
Non contents de négliger les éventuels troubles auditifs de leurs enfants, les parents laissent trop souvent s’installer des comportements à risques. En effet, selon le sondage Ipsos-Audika, un tiers des parents déclare que leur enfant de 10-11 ans utilise souvent, voire systématiquement, un casque pour écouter de la musique. A 6-7 ans, ils sont 8% dans ce cas.
Les lecteurs MP3 ne sont pas les seuls à être dans le collimateur des spécialistes. Récemment, une enquête de 60 millions de consommateurs a révélé qu’aucun des jouets évalués ne dépassait les limites sonores déterminées par la norme européenne en vigueur. « Mais il faut bien admettre que ces limites sont fixées trop haut : 115 décibels (dB) pour un jouet standard, 80 dB pour un jouet « à mettre près de l’oreille », estime 60 millions de consommateurs. Pourtant, entre 80 et 90 dB, on est déjà dans le registre de la voix hurlée. Et à 115 dB, on approche du seuil de la douleur ! » Or, on le sait, exposer les oreilles fragiles d’un enfant à un bruit répété peut endommager l’audition plus tard.
10% des enfants testés souffrent d'un trouble auditif
D’ailleurs, les problèmes d’audition dans l’enfance ne sont pas rares. Le sondage Ipsos révèle qu’un parent sur dix ayant fait réaliser un diagnostic a découvert que son enfant rencontrait des troubles de l’audition. Et il est démontré que 12 à 18 % des enfants présenteront une otite séreuse durable dans les 5 premières années de la vie, qui altèrera leur audition de façon plus ou moins prolongée.
Pour ne pas passer à côté d’un trouble auditif chez son enfant, il existe bien sûr les examens de santé réalisés à l’école au cours de la 4ème et de la 6ème année. Sinon, en cas de doute ou d’antécédent familial, la Société française de pédiatrie recommande de faire faire un examen ORL. Les tests varient en fonction de l’âge de l’enfant. A partir de 4 ans par exemple, il est recommandé de pratiquer une audiométrie vocale. Le testeur, debout derrière l’enfant à une longueur de bras, énonce à voix chuchotée faible des mots que l’enfant doit désigner sur une planche de 10 images.
Et si l’enfant a besoin d’être appareillé, le professionnel de référence est l’audioprothésiste.
Ecoutez Alain Tonnard : "Même si des parents viennent directement dans nos magasins, nous l'orientons systématiquement chez un ORL car une perte d'audition peut cacher une pathologie".
(1) Sondage réalisé auprès de 1009 personnes constituant un échantillon représentatif de la population des parents d'enfants âgés de 0 à 11 ans.