Trouver une pharmacie ouverte le dimanche, c’est un peu la quête du Graal. Quiconque a été cloué au lit le week-end connaît cette situation. En l’absence d’ordonnance, impossible de faire ouvrir une officine de garde. Ne reste qu’une solution : prendre son mal en patience, ou se rendre aux urgences. Pourtant, en France, certaines pharmacies peuvent rester actives toute la journée. Mais elles dénoncent un paradoxe. Malgré cette autorisation, elles sont parfois obligées d’abaisser le rideau le dimanche.
Ces 13 officines se sont réunies en une association, l’Union des Pharmacies 24/24. Leur demande est simple. Alors qu’elles peuvent rester ouvertes toutes les nuits, en accord avec le Code de Santé Publique, elles se voient forcées de fermer le dimanche en journée. En cause, des arrêtés préfectoraux qui appliquent le Code du Travail. La situation est pour le moins paradoxale, et exige résolution. D’autant que les commerces, eux, peuvent rester actifs.
Des stocks suffisants
Comment mettre en accord les deux textes législatifs ? L’association dispose peut-être de la réponse. Elle réclame un statut dérogatoire aux pharmacies ouvertes 24 heures sur 24. Et elle avance de nombreux arguments pour défendre son dossier. A commencer par celui de la santé publique. Certains produits ne peuvent être délivrés par les pharmacies de garde. C’est le cas, notamment, des antibiotiques, des anti-diarrhéiques ou encore des produits post-opératoires. Lever le rideau le dimanche permettrait de rétablir l’équilibre.
L’objectif n’est pas de remplacer les officines de garde, mais bien de les épauler, explique l’Union des pharmacies 24/24. « Ouvertes tous les dimanches, ces pharmacies, par leur expérience du 24/24, représenteraient une soupape de sécurité pour les pharmacies de garde désignées », avance-t-elle dans un communiqué.
Au niveau des stocks, rien ne s’oppose à une ouverture dominicale et les officines concernées sont aisément identifiées par la population. Quant au porte-monnaie, des patients et de la Sécurité sociale, il ne devrait pas pâtir d’une telle décision. Ces pharmaciens « ne revendiquent pas le paiement des honoraires spécifiques » à la garde.
Les syndicats modérés
Mais tous les pharmaciens ne partagent pas cette prise de position. « Le repos dominical obligatoire est inscrit dans notre convention collective », précise le président de la Fédération des pharmaciens d’officine (FSPF), Philippe Gaertner dans Le Parisien.
Quand à l’Union des syndicats de pharmaciens d’officines (USPO), elle évoque le risque d’ouvertures commerciales. Autrement dit, les pharmacies n’ouvriraient qu’aux horaires les plus actifs pour engranger des bénéfices. « Certaines pharmacies ouvraient une partie du dimanche pour des raisons commerciales sans assurer la garde de la nuit, explique son président Gilles Bonnefond à Challenges. D’autres ne décidaient d’ouvrir que certains dimanches, quand cela les arrangeait. »
C’est tout l’objet du Code de la Santé Publique. Les officines peuvent ouvrir le dimanche, à une condition : qu’elles sélectionnent pas leurs horaires et assurent le service toute la journée. Une façon d’empêcher les fermetures intéressées.