Elles veulent ouvrir le dimanche, sans interruption. Pour y parvenir, 13 pharmacies ouvertes 24 heures sur 24 se sont réunies en un collectif. Leur réclamation est simple : obtenir une dérogation pour garder le rideau levé, même lors du repos dominical. Ce n’est actuellement pas le cas. Dans plusieurs départements, un arrêté préfectoral les empêche de travailler ce jour précis.
Pour l’Union des Pharmacies 24/24, la situation relève du paradoxe. Alors que les officines ont l’autorisation de rester ouvertes toute la nuit, elles doivent fermer leurs portes dans la journée du dimanche. En théorie, le Code de Santé Publique laisse la possibilité d’une ouverture permanente. Mais ce souhait ne fait pas l’unanimité chez les pharmaciens. Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), en explique les raisons à Pourquoidocteur.
Pourquoi êtes-vous opposé à cette demande ?
Gilles Bonnefond : Dans la France entière, environ 1 300 pharmacies sont ouvertes tous les dimanches, tous les jours fériés, toutes les nuits. Nous, pharmaciens, avons l’obligation d’organiser un service de garde pour tous les patients. Elle est inscrite dans le Code de Santé Publique. Notre rôle, c’est de s’assurer qu’aucun pharmacien ne manquera à l’appel et que le patient pourra avoir accès aux médicaments quand il sort d’une consultation d’urgence. Mais ces personnes sont loin de la préoccupation de la garde. Notre position, c’est que si ces officines ouvrent en plus des pharmacies de garde, ces dernières vont fermer. On aura ensuite beaucoup plus de mal à organiser les tours de garde s’ils décident de ne pas rouvrir le dimanche.
Ils sont pourtant tenus d’ouvrir sans interruption…
Gilles Bonnefond : C’est un de leurs arguments. Mais dans les faits, à Grenoble, un pharmacien a voulu ouvrir 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Il n’a tenu que 8 mois et il a fallu ensuite réorganiser les tours de garde. Pareil à Avignon. Les choses ne sont pas si simples. Ces professionnels ne peuvent pas prendre de telles décisions, de leur propre initiative, et laisser les autres s’organiser autour. Eux n’ont pas d’obligation à ouvrir. On risque donc de se trouver confrontés à un problème : si une officine ne trouve pas d’étudiant pour travailler la nuit, comme elle n’est pas inscrite au tableau de garde, elle va fermer. Cela désorganise les tours de garde. Si ces pharmaciens veulent ouvrir plus que les autres, nous leur proposons de d’inscrire au tableau de garde, se mettre d’accord avec les confrères du secteur, et tenir leurs engagements.
Estimez-vous que les intérêts sont plus économiques que sanitaires ?
Gilles Bonnefond : Bien sûr. Ce qui me pose problème, ce n’est pas qu’ils se mettent d’accord avec les pharmaciens du secteur, mais qu’ils ouvrent parce que c’est jour de marché, puis qu’ils ferment à 16 heures parce qu’il n’y a personne… On ne peut pas organiser nos gardes de cette façon. Ce qui nous intéresse, c’est s’assurer qu’aucun patient n’aura de problème si son enfant sort de l’hôpital à deux heures du matin et a besoin de médicaments. Eux sont intéressés par le fait de récupérer une activité supplémentaire. Ça n’est pas comme cela que ça fonctionne.