- Le lupus érythémateux disséminé touche 5 millions de personnes dans le monde, dont 80 à 100 000 en France.
- 90 % des malades sont de sexe féminin.
- Les principaux symptômes de la maladie sont une fatigue, des douleurs articulaires et des manifestations cutanées.
- En l’absence de traitement, le lupus peut progresser et atteindre les muscles, les os, mais aussi les organes.
- 60 % des malades ne reçoivent pas de traitement adapté.
Une Française sera-t-elle lauréate du Prix de l’Inventeur européen 2017 ? L’espoir est permis. L’Office européen des brevets a publié la liste des finalistes ce 26 avril. Parmi les chercheurs en lice, l’immunologiste Sylviane Muller. Cette strasbourgeoise est la créatrice d’un traitement du lupus érythémateux disséminé. En cours d’essais, ce médicament pourrait révolutionner la prise en charge des patients, qui ne disposent pour l’heure d’aucune thérapie spécifique.
Bloquer les auto-anticorps
En l’absence de traitement, la maladie, lourdement handicapante, continue d’évoluer. Pour les personnes qui en souffrent, cela signifie une fatigue récurrente, des douleurs articulaires ou encore un masque de loup sur le visage. En cause, le système immunitaire qui se retourne contre son hôte. Car le lupus est une maladie auto-immune. L’organisme produit des auto-anticorps qui s’attaquent aux tissus et aux organes. Une seule solution existe actuellement, et elle consiste à prescrire des immunosuppresseurs.
L’approche développée par l’équipe de Sylviane Muller consiste à moduler le système immunitaire plutôt que de l’inhiber dans son ensemble. Le médicament, baptisé Lupuzor, agit donc contre un mécanisme précis du lupus. Les lymphocytes T CD4 dysfonctionnels sont à l’origine de la production d’auto-anticorps. En les empêchant de reconnaître les éléments du soi, le médicament bloque leur activation.
Amélioration chez deux tiers de patients
Cette action en amont est permise par un peptide synthétique, P140, développé par l’équipe de Strasbourg (Bas-Rhin). Il a été découvert presque par hasard, alors que les chercheurs travaillaient sur l’impact des peptides synthétiques sur la réponse immunitaire. Son effet est double : il améliorer les symptômes et prévient le développement du lupus.
Restait à confirmer ces hypothèses auprès des patients. Une étude de phase IIb, publiée dans Annals of the Rheumatic Diseases, a livré des résultats encourageants : chez deux tiers des patients, la maladie a reculé au bout de 3 mois de traitement.
Un essai pivot de phase III a été lancé dans la foulée, en décembre 2015. Pendant un an, 200 patients recevront soit le Lupuzor soit un placebo. Les conclusions sont attendues pour la fin de l’année 2017, selon le CNRS. Si elles sont, elles aussi, positives, le médicament pourrait obtenir d’emblée une autorisation de mise sur le marché (AMM). Les strasbourgeois espèrent obtenir ce sésame au cours de l’année 2018.